Casablanca a assisté jeudi soir à une prestation jubilatoire de Groundation, ce groupe à forte identité dub venu des Etats-Unis. Coude à coude, ils ont signé un hommage fidèle et intense au grand rastaman. Neuf talentueux musiciens, dont le brillant chanteur Harrison Stanford, ont livré un concert reggae impeccable à Corniche El Hank jeudi soir, reproduisant brillamment et fidèlement les morceaux du grand Bob Marley. Ce groupe dont la plupart ont suivi des formations de jazz a épaté les Casaouis, signant des prestations ficelées et un reggae puissant. Le chanteur Harrisson Stanford, du haut de son aura d'orateur, scandait le public martelant des slogans de paix, d'égalité et de solidarité. Muni d'une voix marquante aux inflexions aiguës rappelant celle de Marley, il a su reproduire la tonalité des morceaux originaux, épaulé par un tromboniste et un saxophoniste hors pair, et autres talentueux poids lourds. Le groupe n'a pas que passé en revue les chansons cultes de Marley, il a tenu à survoler ses chansons les plus politiquement engagées, même celles restées dans l'ombre. Preuve de leur amour pour cette légende et la recherche conceptuelle derrière leur performance. Aux côtés des inoubliables « Them Belly Full » « Africa Unite » et « Funky reggae party » que Marley ne chantait qu'en concert, il y avait aussi les très percutantes mais moins connues « Revolution » et « Guiltiness ». Les chansons datant du temps où Marley n'était connu qu'en Jamaïque et qu'il enregistrait dans les petits studios locaux ont également été reprises dont « Free again » aux sonorités ska et l'invincible « Soul Rebel ». Avant le rappel avec « Exodus » et la clôture avec « Could you be loved », le groupe a entonné deux de leurs propres chansons, nettement moins puissantes que celles du légendaire Jamaïcain. Fidèles aux compositions originales, ils ont cependant ajouté leur grain de sel en injectant quelques improvisations de style rastafarien ainsi que des clins d'œil à Marcus Garvey, un des prophètes de cette philosophie et à Jah Rastafari. Groundation aura livré un concert euphorique, nous emmenant dans les tréfonds de la Jamaïque. Les Casaouis, connus pour leurs affinités reggae, étaient en transe.