L'Association des bassins d'Imlil, fondée par El Haj Omar et Mike McHugo, accompagne la vallée dans ses mutations, en soutenant le développement du village et l'amélioration des services pour ses 2.500 habitants. A un quart d'heure de marche du village d'Imlil, la Kasbah du Toubkal est un lieu à part. Abandonnée en 1938, la Kasbah est restée en ruines pendant de longues années, jusqu'à ce qu'en 1995, deux passionnés des montagnes, le Britannique Mike Mc Hugo et le Marocain El Haj Omar, décident de la restaurer pour en faire un hôtel de style berbère. Dès les trois premiers dortoirs créés, les deux amis décident de fonder l'Association des bassins d'Imlil. «Nous avons voulu créer une entreprise durable dont les bénéfices reviendraient à la communauté locale. C'est pour cela que l'Association a été créée en 1997», précise Mike Mc Hugo, propriétaire de la Kasbah. En 1996, certaines scènes du film de Martin Scorsese, Kundun, sont tournées à Imlil. « J'ai demandé aux producteurs de reverser une somme d'argent au village. Cela nous a permis de lancer les premières actions », raconte Mike Mc Hugo. Après ce financement de départ, l'Association fonctionne aujourd'hui grâce aux 5% prélevés sur les revenus de la Kasbah. Pour sa première action, l'Association s'est attelée à la création d'un système pour les déchets, avec l'acquisition d'un petit camion poubelle. Puis, une ambulance est achetée. « Avant, lorsque les gens étaient malades, ou lorsque les femmes allaient accoucher, il fallait attendre qu'une ambulance vienne de loin. Les gens de la région ont été soulagés quand nous l'avons financée », nous raconte El Haj Omar, gérant de la Kasbah. Un hammam a vu ensuite le jour en 2004, puis le dispensaire a été remis à neuf. Des travaux ont également été réalisés dans le village, tels que la construction de canaux pour l'eau ou de barrages et de ponts sur la rivière. Autant de petites actions qui ont amélioré significativement le quotidien des 2 500 habitants d'Imlil. Aujourd'hui, de nouveaux défis s'annoncent. « Depuis 30 ans, le village a changé énormément. La première fois que je suis venu pour faire un trek, il n'y avait pas toutes ces constructions et toutes ces voitures », témoigne Mike Mc Hugo, amoureux de longue date de la région. L'eau et l'électricité sont arrivées depuis 11 ans, la route a remplacé la piste, et l'activité touristique ne cesse d'augmenter, amenant avec elle de nouveaux problèmes. « Par exemple, les gens de Marrakech viennent pour la journée pour pique-niquer, surtout en été quand il fait plus frais ici, et ils repartent en laissant leurs ordures », regrette Mohamed Ali, guide à la Kasbah. Consciente de ses nouveaux défis, l'Association s'appuie sur les capacités locales mais n'hésite pas à faire appel à d'autres intervenants, comme pour la création du collectif Mountain Propre (voir p.18-19). « Il faut que la vallée d'Imlil reste comme elle est, naturelle. Il faut protéger notre vallée », insiste El Haj Omar. Le cœur ouvert et l'esprit visionnaire, cet amoureux du Toubkal ne compte pas s'arrêter en si bon chemin «La Kasbah est un grand noyer avec de nombreuses racines qui se prolongent dans la région. Il y a beaucoup de choses à faire encore. Ce n'est qu'un début », conclut-il.