La nouvelle Constitution adoptée, place à la polémique sur les chiffres entre le département de l'Intérieur et les mouvements qui ont appelé au boycott. Jusqu'à présent, aucune consultation populaire n'a échappé à ce rituel depuis 1962, date de l'adoption de la première Constitution du Maroc (cf encadré). Selon Taib Cherkaoui, le texte de la nouvelle loi fondamentale a reçu l'adhésion de 98,50 % des votants, soit 9 millions 653 492 personnes inscrites sur les listes électorales. Le taux de participation, véritable enjeu de ce référendum du 1er juillet, a atteint, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 73,46 %. C'est moins que les estimations d'un sondage effectué par les services du même département, lequel tablait sur 80 % de participation. Ce score est d'ailleurs salué par les officiels et leaders de partis qui ont fait campagne pour le oui. La polémique sur les chiffres du référendum est appelée à se poursuivre, jusqu'à ce que la course aux législatives anticipées l'éclipse progressivement. En revanche, ceux qui ont appelé au boycott mettent en doute les chiffres annoncés samedi par Taib Cherkaoui. Ainsi, le mouvement Al Adl Wal Ihssane avance que «60 % des Marocains ont boycotté le referendum». Ce pourcentage s'appuie sur des statistiques du HCP de Lahlimi. Entre l'Intérieur et le HCP, il y a une différence de 7 millions d'électeurs. Alors que le premier estime que le nombre de Marocains en âge de voter oscille entre 20 et 21 millions, le département de Cherkaoui s'est focalisé sur les 13 millions d'inscrits sur les listes électorales. De leur côté, les amis de Adellah El Harrif, le secrétaire général de Annahj, ont adopté la même démarche mais se démarquent des disciples de Abdeslam Yassine sur le résultat. Se basant toujours sur les données du HCP, ils concluent que seuls 44 % des Marocains ont approuvé la nouvelle Constitution. Ce score est obtenu de la différence entre les 9 653 492 et les 21 millions de personnes en âge de voter. La polémique sur les chiffres du referundum est appelée à se poursuivre, jusqu'à ce que la course aux législatives anticipées, dont la date n'est pas encore fixée, l'éclipse progressivement. La perspective de l'annonce, dans les prochains jours, de mesures de confiance réclamées par les partis ayant voté massivement oui à la nouvelle Constitution, à l'image du PJD, apportera plus de crédit à la version officielle. Depuis son indépendance, le Maroc a connu huit révisions de Constitutions et c'est celle de 1992, qui, selon les données officielles, a récolté la plus forte adhésion, avec 99,98 % des votes en sa faveur. Elle est talonnée de près par la réforme du 23 mai 1980 qui a raflé 99,74 % de oui, permettant au prince d'accéder au trône à l'âge de 16 ans contre 18 auparavant. La première loi fondamentale de 1962 a connu 97,50% d'approbation, alors que 98,70 % se sont prononcés en faveur de la deuxième Constitution de 1970, laquelle a relancé le processus démocratique en marche, après les années de l'Etat d'exception, notamment marquées par la dissolution du Parlement et les événements tragiques du 23 mars 1965 à Casablanca. La Constitution de 1996, balisant le terrain pour le gouvernement d'alternance et instaurant la Chambre des conseillers, a remporté les suffrages de 99,56 % d'électeurs.