Le Soir échos a fait le tour de quelques bureaux de vote à Salé pour vous faire vivre l'ambiance du référendum. Les pick-up et les autocars scolaires font des allers-retours incessants devant la porte de cette école du groupe scolaire Sidi Brahim. Pour ce jour particulier du référendum, vendredi 1er juillet, les autorités locales de la commune rurale El Brahma (préfecture de Salé) mobilisent tous les véhicules pour assurer le transport des électeurs. Ici, ce n'est pas la vague de chaleur qui pose problème, mais l'éloignement des douars des bureaux de vote, au nombre de trois installés dans cette école. La fréquence des voyages augmente au fil de la journée pour atteindre son maximum à une heure seulement de la fin des votes à 19h. Un cortège de femmes qui débarque d'un pick-up lance des youyous, apaisant comme par magie une atmosphère alourdie par ce soleil torride. Une à une, elles se présentent aux bureaux vote portant les chiffres 13-14 et 15. La carte d'électeur n'est pas obligatoire, une carte d'identité suffit pour qu'un acte aussi historique soit accompli. En tous les cas, ces villageoises n'ont pas hésité une seconde à voter «oui» à la Constitution. Même si elles sont analphabètes, elles n'ont aucun doute sur l'espoir que représente ce texte dont elles ont entendu beaucoup de bien. La télévision, la radio, mais aussi les appels lancés ça et là par des partis politiques durant la campagne référendaire auxquels s'ajoutent les facilités apportées par les autorités locales ont servi de conditions favorables à ce vote en masse dans cette zone rurale. «Presque tous les inscrits ont voté», se félicite M'barek, le chef du bureau de vote n ° 13 cherchant sa calculatrice égarée. «Là voilà ! Je vais calculer tout de suite le nombre total des électeurs jusqu'à cette fin d'après-midi (17h)», annonce-t-il en effectuant son addition, registre des inscriptions sous les yeux. «En totalité, nous avons 541 électeurs. La grande majorité, soit 70%, a déjà voté alors que nous attendons le reste avant la fermeture des bureaux !», se réjouit encore M'barek avant d'appeler le caïd qu'il doit tenir informé pas seulement du déroulement du vote, mais aussi de l'arrivée d'invités surprises, journalistes notamment, apparemment fait rarissime dans cette région. Beaucoup plus loin, dans la zone urbaine de la préfecture de Salé, l'arrondissement de Bettana brille par une organisation exceptionnelle du référendum. Tôt, dans la matinée, les 220 fonctionnaires et les 39 conseillers de la commune urbaine ont partagé un verre de thé durant le petit briefing dont l'ordre du jour a été la distribution des tâches: encadrement et supervision de l'opération. Rachid El Abdi, président du conseil de l'arrondissement, veille au grain en rendant visite aux bureaux de vote un à un. A Hay Salam, secteur 1, l'affluence dès les premières heures de la matinée dans les bureaux de vote ouverts au lycée Fkih Mrini n'a qu'une explication, pour Rachid Al Abdi : «C'est le bouche à oreille qui joue un rôle déterminant, plus que toute publicité. Les citoyens ont eu de bons échos sur cette nouvelle Constitution et ont suivi le discours royal. Aujourd'hui, ils sont très nombreux à répondre au message royal». Au collège Khalid Ibnou Al Walid, ce sont deux enseignants à la retraite qui assument la mission de chef de bureau et d'adjoint. Les électeurs sont venus en famille accomplir leur devoir malgré la grosse chaleur. Au bureau de vote n° 29 (de 16.739 à 17.337), Mohamed Al Andaloussi, enseignant de mathématiques, assume, aujourd'hui, le rôle du chef du bureau. Avec son adjoint, Mohamed Koubi, et deux jeunes assistants, Brahim Talbi Alami et Saad Bouchareb, c'est avec le sourire qu'il accueille les électeurs. Narjis Oughla, 24 ans, diplômée en marketing de l'université Rutgers du New Jersey et active dans le domaine associatif. Cette Constitution prouve qu'on est l'exception du Printemps arabe Les Marocains résidents à New York se sont rendus ce week-end pour faire la différence et faire part de leur choix. C'est avec joie que nous avons appris que les bureaux de vote à New York allaient être ouverts vendredi, samedi et dimanche de 8h à 19h pour que les plus occupés d'entre nous saisissent leur chance pour participer à un Maroc meilleur. En tant que marocaine résidente à New York, j'ai vraiment apprécié la disponibilité du bureau de vote et l'importance que le Maroc a donnée aux RME. De plus, cette nouvelle Constitution représente un grand pas vers la démocratie au Maroc et prouve qu'on est l'exception du Printemps arabe, avec un peuple qui s'exprime avec la plus grande sérénité, une monarchie et un gouvernement à l'écoute des citoyens. J'estime que le Maroc est dans la bonne voie avec une majorité du peuple satisfaite de ce projet. «Nous avons reçu, en ce début de matinée, une centaine d'électeurs, les hommes et les femmes sont presque à part égale», affirme le chef du bureau de vote. Sur le registre, 599 électeurs sont inscrits et à chaque fois que l'un d'eux se présente, c'est en premier Brahim Talbi Alami qui scrute le registre, vérifie le numéro de la carte d'électeur et/ou la CIN pour cocher les noms et inviter l'électeur à passer à l'étape suivante : prendre les deux petits feuillets (oui, non) et une enveloppe, puis c'est dans l'isoloir que le choix se fera. L'électeur n'a plus qu'à introduire son bulletin de vote dans l'urne avant de récupérer sa carte en partant. Mais, n'oublions pas l'encre sur le pouce, nécessaire afin que l'électeur ne vote qu'une seule fois. Chaque deux heures à partir de 8h et jusqu'à 19h, chaque bureau de vote doit rendre compte du total des électeurs au bureau de coordination. Toujours à Hay Salam, dans un autre bureau de vote ouvert au collège Khalid Ibnou Al Walid, secteurs du 5 à 8, ce sont deux enseignants à la retraite qui assument la mission de chef de bureau et d'adjoint. Mohamed Rouhaine, qui enseignait le français à Salé, est aujourd'hui un habitué des bureaux de vote. « C'est devenu une routine pour moi d'être le chef d'un bureau de vote. C'est la quatrième ou cinquième fois à laquelle j'assume ce travail », dit-il. Son adjoint, Benbrahim Benabed, qui enseignait l'arabe dans la même ville, précise que le choix qui se porte sur eux est surtout lié à leur ancienneté d'habitants. « Je réside à Hay Salam depuis 1976 ! », s'exclame-t-il. La composition de chaque bureau fait l'objet d'une décision préfectorale indiquant l'identité des responsables. D'ailleurs, cette décision est clairement affichée sur le bureau du chef. 633 habitants de l'arrondissement sont inscrits à ce bureau de vote, mais l'affluence n'est pas aussi importante. «Nous nous attendions à ce que les jeunes soient plus nombreux, mais ce sont leurs parents qui sont venus massivement», indique Benbrahim. Selon des données avancées, samedi, par le ministre de l'Intérieur, la région de Casablanca a entregistré le plus faible taux de participation, avec seulement 57,17%, alors que Oued Eddahab-Lagouira a tenu le haut du pavé avec 92,19/. Les autres régions du royaume ont connu des chiffres honotrables : Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs (72,39%), Souss-Massa-Draâ (74,51%), Taza-Al Hoceima-Taounate (81,10 %), Tadla-Azilal (79,85%), Fès-Boulemane (76,31%), Guelmim-Smara (86,76 %), El Gharb-Chrarda-B'ni Hssen (74,26%), Laâyoune-Boujdour-Sakia Al Hamra (84,05%), Marrakech-Tensift-El Haouz (80,88%), Meknès-Tafilalet (74,60%), l'Oriental (63,99%), Doukkala-Abda (80,06%), Chaouia-Ouerdigha (77,67%) et Tanger-Tétouan (71,50%). Pour lui, ce sont le stress de l'attente des résultats du baccalauréat et les préparatifs à la session de rattrapage qui en seraient l'explication. «Jusqu'à maintenant, nous avons reçu 190 électeurs, dont 107 femmes. Même si la gent féminine est nombreuse, elles le sont moins que les années précédentes. Je pense qu'elles viendront massivement dans les heures qui viennent (à partir de 16h)», ajoute l'adjoint du chef de ce bureau de vote. Pas d'observateurs de la société civile dans le coin. «Tout se passe à merveille. L'opération du référendum est différente de celle des élections durant lesquelles les partis politiques encombrent les bureaux de vote», confie le chef du bureau de vote avant d'ajouter : «Là, il suffit d'être souriant et accueillant pour que les électeurs accomplissent leur devoir dans les meilleures conditions». Le Slaouis, à l'instar des Marocains, ont répondu présent au référendum avec un taux de participation de 76,5%. Le «Oui» massif annoncé par la majorité des électeurs tourne aussi une nouvelle page dans l'histoire de Salé.