La Fédération nationale des courtiers et agents d'assurances (FNACAM) a tenu hier à Casablanca son assemblée générale ordinaire. La présentation des rapports moral et financier ne s'est pas faite sans douleur. Aujourd'hui plus que jamais, l'image de la Fédération nationale des courtiers et agents d'assurances (FNACAM) est remise en question. Certes, avec le nouveau contexte de concurrence acharnée c'est tout le métier des agents et courtiers d'assurances qui est menacé. Mais la tenue de l'assemblée générale ordinaire de la fédération, hier à Casablanca, a laissé immerger quelques détails de choix. À la grande surprise de l'assistance, l'intervention d'un participant lors de l'exercice de questions-réponses a chamboulé le paisible climat qui régnait jusqu'alors sur la réunion. Les interrogations légitimes de cet intermédiaire en assurance portaient sur l'absence d'enquêtes sur la satisfaction clients, les délais de reversements des primes et le poids sans cesse croissant de la banque assurance, pour finir sur le taux très élevé d'absentéisme lors de cette AGO. En fait, la fédération compte près de 600 adhérents, alors qu'une quarantaine de personnes seulement ont répondu présent. Le doute étant permis ; cet intervenant s'est alors demandé pourquoi les agents et courtiers d'assurance étaient manifestement complétement désintéressés. Dans la foulée de cet amas de problématiques, «à quels résultats sommes-nous arrivés?», se demande-t-il. D'autant que le nombre de visiteurs du site web de la fédération n'a guère dépassé les 6 000 en 2010. Ces interrogations ont provoqué l'ire du président de la FNACAM Mohamed Berrada qui, incapable de maîtriser sa colère, a répondu: «Mais que voulez-vous que nous fassions au juste?». Berrada n'accepte plus qu'on mette à mal les efforts colossaux que déploie la fédération pour défendre son métier sérieusement menacé. Il a reconnu que la tache confiée n'était pas une mince affaire, mais il a assuré qu'il s'attelait énergiquement à assurer ou plutôt retrouver le minimum de sécurité des années 1980. «Nous suivons une stratégie de réconciliation et non de confrontation», a-t-il expliqué. La lecture du rapport moral a en outre laissé ressortir un certain nombre d'acquis à mettre à l'actif de la fédération, à l'exemple de certaines recommandations du contrat-programme du secteur de l'assurance signé le 12 mai dernier. Sauf qu'il faudra laisser du temps au temps pour voir l'application concrétisée sur terrain. En revanche, Berrada a reproché au gouvernement le retard pris sur bon nombre de dossiers, comme l'indemnisation des accidents de travail, la transmission des PV par les agents constatateurs, les dépôts des rapports et les problèmes liés au droit de tirer une remorque. Il a également mis en avant bon nombre de contraintes d'ordre juridique ou réglementaire qui sont comme des épées de Damoclès sur la tête des agents et courtiers d'assurances avec à la clé l'injustice de l'imposition directe, l'abus de la banque assurance, le retard de l'amendement de l'arrêté de remboursements des primes et l'absence de fixation de délais pour les intermédiaires en cas de contrôle… Le président de la FNACAM a par ailleurs formulé le souhait de voir la mise en place de l'assurance maladie des indépendants et celle au profit des PME prises en compte par le gouvernement. Sur ce chapitre, il a annoncé qu'un manuel d'assurances ayant pour objet d'encourager l'accès des PME à l'assurance sera mis à la disposition des opérateurs à partir d'août prochain. Il a déploré le retard du lancement de la réforme du système financier ainsi que le projet de création d'une autorité de régulation et n'a pas manqué de dénoncer la concurrence « déloyale » du secteur de la banque assurance, en menaçant de s'adresser aux juridictions compétentes au cas où sa dernière saisine, datée de fin février, du conseil de la concurrence n'aboutissait pas. Pour conclure, la lecture du rapport financier a laissé dégager un solde créditeur du budget de la fédération, sachant que les recettes de 2010 se sont élevées à plus de 1,5 millions de dirhams au moment où les dépenses ont totalisé près de 820 000 dirhams. Des chiffres qui révèlent que la grande majorité des agents (plus de 1 350) et courtiers (335) n'est pas affiliée.