Trois partis ne partagent pas l'unanimité au sein du paysage politique approuvant le texte de la nouvelle Constitution. L'Alliance de la gauche démocratique (AGD) annonce officiellement le boycott du référendum du 1er juillet. Alors que la majorité des partis politiques s'est empressée d'annoncer un grand « OUI » à la Constitution, une minorité vient de décider de ne pas suivre le courant. L'Alliance de la gauche démocratique (AGD) réunissant le Parti socialiste unifié (PSU), le Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste (PADS) et le Congrès national Ittihadi (CNI) appelle au boycott du référendum. Ce lundi 20 juin, les trois partis se préparent à publier un communiqué collectif pour officialiser leur décision et en expliquer les raisons. «Nous nous préparons à lancer un appel à tous les citoyens afin de les convaincre de notre position et de les persuader de la nécessité d'adhérer au boycott du référendum», déclare au Soir échos Mohamed Moujahid, secrétaire général du PSU. Ce leader ne mâche pas ses mots en soulignant que le texte de la nouvelle Constitution ne répond aucunement aux attentes des composantes de l'AGD. « Si nous avons décidé de nous y opposer, c'est parce que cette Constitution n'apporte pas de transition pour notre pays. Tout au contraire, elle conserve l'ancienne en maintenant la majeure partie des pouvoirs aux mains du souverain. La séparation des pouvoirs n'est toujours pas acquise comme nous l'avions souhaité», constate Mohamed Moujahid. « Dans sa partie politique, le texte de la Constitution reste une monarchie exécutive. Certes, nous ne nions pas les avancées contenues dans ce texte, mais le fonctionnement des différents pouvoirs n'a pas subi de réels changements attendus», affirme, pour sa part, Abdeslam Laaziz, secrétaire général du CNI. Et de rappeler que l'AGD s'est insurgée, depuis le départ, contre le processus d'élaboration du draft du projet de la Constitution le qualifiant de « non démocratique ». En effet, le CNI et le PADS s'étaient retirés de la réunion du Mécanisme politique du suivi du projet de la réforme de la Constitution, mardi 7 juin au cabinet royal à Rabat, entre les secrétaires généraux des partis et centrales syndicales et Mohamed Moâtassime, le conseiller du roi. «Nous n'étions pas d'accord sur la méthode qui a été adoptée dans l'élaboration du projet de la Constitution. Nous avions demandé la mise en place d'un conseil composé des différentes forces du pays. La Commission de Mennouni, puis celle du Mécanisme politique ont finalement servi pour la forme sans plus», martèle Me Abderrahmane Benameur, secrétaire général adjoint du PADS. « Le draft a été élaboré sans qu'il y ait de consensus autour du contenu. Nous avions alors refusé de participer au débat d'autant que la copie nous a été soumise pour une lecture et non pour des amendements comme il était prévu dès le départ par la Commission de Mennouni», poursuit Me Abderrahmane Benameur. Approuvé au Conseil des ministres avant d'être présenté par le souverain, vendredi soir, ce texte, pour l'AGD, ne représente pas la voix du peuple. «Même si la nouvelle Constitution a apporté des réformes, dont l'élargissement des attributions du Premier ministre qui devient chef d'Etat, son contenu, de manière générale, a déçu plusieurs partis dont le nôtre», confie encore ce leader du PADS. Et de préciser que cette déception est alimentée par « le règne du pouvoir royal sur le volet exécutif, sur le gouvernement, le champ religieux et militaire ». « Dans toute démocratie, c'est le peuple qui doit détenir les pouvoirs. Ce n'est pas le cas dans cette Constitution où le peuple est complètement absent», renchérit le secrétaire général adjoint du PADS. « Il n'y a pas de paysage politique unanime ! C'est toujours la diversité qui témoigne de sa bonne santé !», tient à souligner le secrétaire général du CNI dénonçant « l'exclusion de l'AGD des médias publics». « Personnellement, je n'ai pas été invité sur le plateau des deux chaînes ou de l'une d'elles pour participer au débat autour de la Constitution. Nous n'avons pas cessé, depuis 2006, de demander notre droit à transmettre nos opinions via ces médias. Notre demande n'a jamais eu de suite favorable», proteste Abdeslam Laaziz. L'AGD se dit ainsi en droit de boycotter un unilatéralisme qui ne garantira au pays qu'une « transition de forme et non de fond ».