L'édition 2011 du Festival national du théâtre de Meknès se déroule sur fond de tension. Face au boycott de 12 troupes de théâtre, la compétition a été annulée. Turbulences dans les airs du Festival national du théâtre de Meknès. Cette messe des planches a été totalement chamboulée cette année puisque douze troupes de théâtre ont décidé de boycotter cette édition 2011 qui se poursuit jusqu'au 22 juin. La raison ? « Lors de la dernière réunion a Rabat, la majorité des représentants des troupes du Maroc s'est mise d'accord pour annuler leur présence à ce festival national si jamais le ministre de la Culture s'entêtait à faire valider le nouveau projet de subvention au théâtre national ; ils ont donc tenu leur promesse», souligne Hassan Enaffali le président du Syndicat des professions théâtrales. Au final, face à cette situation, le département de Bensalem Himmich a décidé d'annuler la compétition officielle. Entre les 15 troupes qui étaient programmées durant cette compétition, seules trois ont maintenu leur participation. « Ce sont douze troupes qui ont annulé leur participation à cette édition et dans la rubrique off, neuf troupes contre 15 ont boycotté», précise Latefa Ahrare la présidente de l'association des lauréats. Cette dernière parle au nom des trois structures qui ont déclaré le boycott. Il s'agit de l'Association des lauréats de l'ISADAC (l'ALISADAC), le Syndicat national des professions théâtrales ainsi que la coordination nationale des troupes de théâtre. Cette dernière a été créée le 18 mai lors d'une rencontre à la Bibliothèque nationale de Rabat. Cette décision de boycott n'a pas été facile à engager selon les dires des membres de la coordination. « Juste après la publication de l'arrêté ministériel du nouveau projet du fonds d'aide théâtral faisant fi du mécontentement et du refus des troupes, nous avons commencé à réfléchir autour des différentes actions à mener et le boycott a été la dernière, la seule et unique solution qui a reçu l'unanimité ou presque», déclare une source de cette coordination ayant préféré garder l'anonymat. Certaines troupes ont fini par céder, et malgré leur vote pour le boycott, ont changé d'avis et ont préféré participer à la manifestation. « Le ministère de la Culture a fait pression et a fini par les convaincre, c'est décevant», s'insurge Hassan Enaffali. Du côté du ministère de la Culture ce boycott est injustifié. « Ils auraient pu venir au festival et protester s'ils veulent mais cela n'a aucun sens de boycotter, car c'est de leur public qu'il s'agit », note Mohammed Tekkal, le directeur régional de la Culture à Meknès. Ce dernier affirme que la compétition a été annulée, certes, mais persiste à dire que cela n'a eu aucun impact sur la manifestation. «Nous avons remplacé les pièces de théâtre par d'autres, l'essentiel c'est que le public a eu droit à des représentations», a- t-il confié dans des propos au Soir échos. Pour le Syndicat des professions théâtrales ce boycott est au contraire une grande victoire. « Il fallait qu'on fasse cette action pour montrer jusqu'à quel point les professionnels du théâtre sont mécontents », souligne Hassan Enaffali. Dans son discours d'ouverture du festival à Meknès le mercredi 15 juin, le ministre de la Culture a déclaré être prêt au dialogue et que ses portes sont ouvertes. Les trois associations qui ont dirigé le boycott le prennent au mot. « Il dit que ses portes sont ouvertes et qu'il ne refuse pas de dialoguer avec nous, on verra bien». L'Association ALISADAC, le Syndicat et la coordination des troupes de théâtre ont envoyé lundi 20 juin une lettre à Bensalem Himmich pour demander un rendez- vous avec lui. « Nous attendons sa réponse», lance Latefa Ahrare.