C'est au siège de l'Organisation marocaine des droits humains (Rabat) que les ONG ont tenu hier une conférence, dans le but de revendiquer à la commission de révision de la Constitution une copie du projet. «La commission de révision de la Constitution nous a demandé de participer et nous l'avons fait. A présent, nous estimons être en droit de revendiquer une copie de ce projet », demande Kamal Lahbib, secrétaire général du Forum des alternatives Maroc (FMAS) qui a présidé, le 15 juin à Rabat, la conférence de presse de la société civile. Composée de neuf réseaux, coalitions et initiatives, ainsi que d'un comité de suivi « Société civile et réforme constitutionnelle » lancé par le FMAS, cette société civile représente les ONG de toutes les tendances, dont le nombre dépasse les 1 000. Cette semaine, elles ont toutes décidé de réagir pour exprimer leurs inquiétudes et leurs craintes d'exclusion de l'adoption du texte final de la Constitution. Au même titre que les partis politiques, les représentants de la société civile veulent que la commission Mennouni mette à leur disposition la copie du projet. «Pour nous, il est essentiel que ce texte fasse l'objet d'un débat national. Nous ne sommes pas contre les différences d'opinions mais contre le favoritisme dont bénéficie une partie aux dépens de l'autre», précise le secrétaire général du FMAS. Suprématie des lois internationales, adoption d'un Etat de droit où toutes les libertés seront garanties aux citoyens, équité homme/femme, diversité linguistique et culturelle et indépendance de la justice, sont les composantes du plaidoyer de la société civile. « Ces derniers jours, nous avons malheureusement constaté des réactions tout à fait opposées à la modernité et au progrès d'un Etat de droit. Des courants conservateurs et des discours discriminatoires se sont fait entendre au nom de la défense de l'islam et de l'identité marocaine », avance Houria Esslami, membre du secrétariat exécutif du FMAS, en relatant l'un des messages clés adressés par l'ensemble des initiatives de la société civile à l'opinion publique. «Il est essentiel que ce texte fasse l'objet d'un débat national. Nous ne sommes pas contre les différences d'opinions mais contre le favoritisme». Durant cette semaine, ces ONG envisagent de rencontrer les partis politiques afin de leur transmettre leurs craintes et de réaffirmer leur plaidoyer.« Jeudi dernier, nous avons pris contact avec les partis en vue de tenir des réunions. Puis à la demande de certains d'entre eux, nous leur avons adressé une demande écrite, lundi. Jusqu'à ce jour, trois seulement nous ont répondu », témoigne Boubkeur Largou, secrétaire général de l'OMDH. Pour le moment, la société civile n'a pas estimé nécessaire de réagir aux différents avis politiques sur la copie de la nouvelle Constitution.« Nous n'en connaissons pas le contenu. Pour nous, ces fuites rapportées ici et là ne peuvent alimenter qu'un faux débat auquel nous ne voulons pas participer », affirme Houria Esslam. Et de préciser que les virulentes sorties du PJD qui se dit opposé à la suprématie des conventions internationales en réaction à la copie de Mennouni, est un indice d'espoir : « Si ce qu'on dit de ce texte est vrai, nous nous en réjouissons d'avance ! » L'un des points essentiels que la société civile a tenu à réaffirmer réside dans la reconnaissance officielle de la langue amazighe. « Nous revendiquons une réforme de tout le système et non de quelques unes de ses composantes. Certains partis, dont le PJD et le PI, ont osé qualifier l'officialisation de l'amazighe de danger. Nous tirons la sonnette d'alarme face à ces allégations discriminatoires. Le Maroc est un tout et sa diversité culturelle doit être reconnue », martèle Youssef Laâraj, président du Réseau amazigh pour une citoyenneté. Dans l'expectative, la société civile garde son calme en attendant une oreille réceptive. Leïla Hallaoui