On ne connaîtra sans doute pas l'origine de la bactérie E.coli, qui a fait plus de 25 morts à travers l'Europe. Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé allemande, le nombre de nouvelles infections diminue sensiblement et la contagion devrait être en train de vivre ses derniers jours. Le mystère sur l'origine de la bactérie tueuse E.coli ne sera peut-être jamais dévoilé. Les concombres espagnols exonérés de tout soupçon, puis les graines de soja bio d'une ferme du nord de l'Allemagne, minutieusement examinées puis disculpées, ne donneront aucune piste sur la nature exacte de la mort de plus de 25 personnes à travers l'Europe, contaminées puis tuées par cette infection qui a secoué agriculteurs et consommateurs européens. En attendant les recherches encore en cours de l'Institut Robert-Koch, une bonne nouvelle vient enfin poindre son nez dans ce dossier : le nombre de cas diminue sensiblement. A Hambourg, dans le nord-ouest de l'Allemagne où se trouve le foyer de l'épidémie, l'état de certains patients se stabilise. A l'hôpital universitaire de Hambourg-Eppendorf (UKE) qui vit l'évolution de l'épidémie au jour le jour, la direction est moins pessimiste que ces derniers jours, notamment pour les cas de SHU (syndrome hémolytique et urémique, maladie d'origine alimentaire, ndlr). Elle annonce une stabilisation grandissante de l'état de santé chez beaucoup de ses patients, notamment dans le service de néphrologie (reins). Pour corroborer ces dernières informations cruciales, le ministre allemand de la Santé Daniel Bahr a confirmé mercredi une baisse « sensible » des nouveaux cas d'infection dus à la bactérie également appelée Eceh. « Je ne peux pas encore lever l'alerte, mais nous avons maintenant des raisons de croire qu'il y a de l'espoir : les chiffres de nouvelles infections baissent de manière continue», a affirmé le dirigeant allemand tentant tant bien que mal de rassurer ses concitoyens : « cela montre que le pire, en ce qui concerne le déroulement de cette épidémie, est peut-être derrière nous ». Le ministre recommande néanmoins de continuer à respecter les mesures de précaution quant à la consommation de certains légumes crus, comme le concombre ou la tomate. De telles recommandations commencent à semer la discorde parmi la population allemande qui critique sévèrement la gestion de la crise par les autorités du pays. A défaut d'informations fiables, les consommateurs se méfient de tout et une véritable psychose commence à apparaître. Certains n'hésitent pas à retirer leurs enfants des écoles dès qu'un cas de diarrhée est déclaré. D'autres reprochent à leur gouvernement le manque de coordination, de ne pas avoir mis en place un numéro vert ( d'information et gratuit) afin de répondre aux questions qu'ils se posent. A défaut, les lignes des hôpitaux sont submergées d'appels. Des ministres européens critiquent également les dysfonctionnements du système d'alerte sanitaire européen, qu'ils accusent d'avoir semé prématurément la panique dans la population. Les tâtonnements et affirmations parfois contradictoires des autorités allemandes ont provoqué la colère du commissaire européen à la Santé, John Dalli. « Il est crucial que les autorités nationales ne se précipitent pas à donner des alertes non probantes, car cela crée des psychoses et des problèmes », a-t-il affirmé au cours d'un débat au Parlement européen, réuni en session plénière à Strasbourg. Mardi, l'Europe a mis sur la table plus de 150 millions d'euros pour indemniser les producteurs de légumes européens, dont les ventes se sont effondrées. Un dispositif jugé toutefois insuffisant, notamment par l'Espagne et la France. « C'est déjà un premier geste », s'est pourtant réjoui le ministre français de l'Agriculture Bruno Le Maire, ajoutant que ce n'était qu'« une base de départ ». « Pour l'Espagne, ce n'est pas assez », a estimé la ministre espagnole Rosa Aguilar. Les ministres de l'Agriculture européens et de la sécurité alimentaire se retrouvaient en réunion extraordinaire avec le commissaire européen chargé de l'Agriculture, Dacian Ciolos, et celui de la Santé, John Dalli, mardi dernier. Le montant de 150 millions d'euros est susceptible d'augmenter en fonction des évaluations des pertes, car partout en Europe, les consommateurs boudent concombres, salades et autres tomates, présentés par l'Allemagne comme possibles vecteurs de la contamination. Les fonds permettront d'indemniser partiellement les pertes des producteurs de légumes, qu'ils soient ou non membres d'une organisation de producteurs. Selon le projet présenté par la Commission, l'argent, tiré du budget européen, permettrait de rembourser 30 % de la valeur des invendus. Seulement. Saïd Lahlou