Plombés par des dettes exorbitantes, enlisés dans le chômage et bloqués par une croissance au ralenti, la Grèce et le Portugal tentent de mettre en œuvre les plans de sauvetage préconisés par la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et FMI). Mais les « indignés » s'insurgent contre cette politique d'austérité, qu'ils jugent inefficace. Un taux de chômage vertigineux, un inquiétant déficit public, une dette nationale exorbitante… Autant de maux qui minent le moral de plusieurs pays européens, dont la Grèce, le Portugal, l'Italie ou encore l'Espagne et la Slovénie. Face à cette situation, la Troïka, constituée de l'Union Européenne, la Banque Centrale Européenne et le FMI, préconise des cures d'austérité pour soigner ces économies mal en point, avec des plans drastiques de restrictions budgétaires. Mais ces mesures ne sont pas du goût des populations, qui voient l'étau se resserrer sur un niveau de vie déjà revu à la baisse. Nouvel élan pour le Portugal Les « indignés », comme on appelle les manifestants, refusent cette austérité qu'on leur impose, à grands coups de justifications internationales. Ils pointent du doigt les hommes politiques, qui ont camouflé ou empiré la situation selon eux, mais aussi le monde financier, qui malgré la crise de 2008, n'a pas été réellement réformé en profondeur. La Grèce et le Portugal sont aujourd'hui à la croisée des chemins, devant décider des modalités de mise en œuvre des plans de sauvetage et des politiques à mener pour relancer l'économie. Après la Grèce et l'Irlande, le troisième pays de la zone euro à solliciter un plan de sauvetage est le Portugal. Après les élections législatives anticipées de dimanche dernier, c'est le centre-droite qui sera en charge d'appliquer un plan d'aide de 78 milliards d'euros réparti sur trois ans. Dans ce but, le nouveau gouvernement portugais a annoncé son intention de créer une autorité budgétaire indépendante «aux pouvoirs larges», pour rassurer les marchés financiers. Des personnalités indépendantes y siégeront, dont des non-Portugais «afin d'être totalement transparente sur la consolidation budgétaire, mais aussi sur les finances des entreprises détenues par l'Etat, des régions et des villes», a précisé le futur Premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho, dans une interview au quotidien Les Echos de mardi. En parallèle, afin de relancer une croissance moribonde, M. Passos Coelho entend miser sur les exportations, mais aussi sur les privatisations, marque de fabrique des plans de sauvetage de la Troïka. «Qu'est-ce qu'on peut dire aux Grecs? C'est une bonne question que je me pose souvent, car je reçois beaucoup de courrier des Grecs. Y compris des menaces de mort», a déclaré lundi Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, devant une commission du Parlement européen à Strasbourg. Des propos qui disent long sur l'incompréhension et l'inquiétude du peuple grec face au plan de sauvetage annoncé. En conséquence, la tension sociale monte à Athènes, comme dimanche dernier où plus de 70.000 personnes se sont rassemblées devant le Parlement. Censé réduire la dette nationale exorbitante, atteignant les 115% du PIB, un premier prêt de 110 milliards d'euros a été accordé en mai 2010. Mais un an après, la dette s'est alourdie, atteignant à présent les 155% du PIB. Et le pire est à venir… D'ici la fin de l'année, le ministre des finances estime qu'elle parviendra à 163.5%. De quoi donner des frissons de colère et d'inquiétude à bon nombre de Grecs, déjà plongés dans un marasme économique insoutenable. Face à cette situation, la Grèce estime avoir besoin d'une rallonge pour ne pas sombrer dans l'abysse. Un nouveau prêt de la zone euro est donc en cours de négociations entre le gouvernement socialiste grec et la Troïka (UE-FMI-BCE). En contrepartie, la tutelle budgétaire d'Athènes devrait être renforcée, se traduisant par un contrôle accru des dépenses et de nouveaux sacrifices budgétaires. D'importantes privatisations sont ainsi exigées par les créanciers, ce qui n'est pas du goût des « indignés » grecs. De son côté, l'Eurogroupe estime que les privatisations sont un moindre mal. « Plus il y a de privatisations, moins il y a de sacrifices imposés aux Grecs les plus modestes », a ainsi déclaré M. Juncker. Le conseil des ministres grecs s'est réuni quant à lui lundi pour décider de la mise en œuvre du plan de sauvetage de l'économie nationale. A la sortie de cette réunion, le Premier ministre grec Georges Papandréou a indiqué que l'organisation d'un référendum sur les « grands changements » était envisagé. Une mesure qui pourrait donner une occasion de s'exprimer aux « indignés» grecs. Celine Girard