L'ancien raïs est sorti ce dimanche de son silence. Pour la première fois depuis sa chute du pouvoir le 11 février, il s'est exprimé dans un message audio diffusé sur la chaîne Al Arabiya. «J'ai beaucoup souffert et nous souffrons encore, ma famille et moi, des campagnes injustes et fausses allégations visant à salir ma réputation, mon intégrité, mes positions et mon passé militaire», a-t-il affirmé. L'ancien président égyptien Hosni Moubarak a ensuite démenti avoir abusé de son autorité pour accumuler biens et richesses. Il a assuré ne posséder qu'un seul compte dans une banque égyptienne et des biens immobiliers uniquement sur le territoire national. Il s'est également déclaré prêt à coopérer avec la justice pour le prouver. «Moi et mon épouse sommes d'accord pour montrer tous les comptes ou propriétés en ma possession depuis ma carrière militaire et politique, jusqu'à maintenant, pour prouver au peuple que son ancien président ne possède (de biens) qu'à l'intérieur du pays», a-t-il déclaré Juste après la diffusion de ce message, le parquet égyptien a fait savoir qu'il avait convoqué l'ancien raïs ainsi que ses deux fils dans le cadre d'une enquête sur les violences lors des manifestations, qui ont fait plus de 800 morts, et sur les accusations de corruption qui pèsent sur eux. L'enquête porte également sur des accusations de détournement d'argent public. Jusqu'à présent, l'ancien chef de l'Etat et sa famille, qui vivent en résidence surveillée dans un palais de Charm El-Cheikh, n'avaient fait l'objet d'aucune procédure judiciaire, malgré le gel de leurs avoirs. L'ouverture d'une enquête sur Moubarak était pourtant revendiquée à cor et à cri par les manifestants de la place Tahrir. Durant tout le week-end, des protestataires se sont rassemblés sur cette place emblématique du soulèvement populaire, pour exprimer leur frustration face à la lenteur de la transition et l'absence de poursuites judiciaires contre les membres de l'ancien régime. Arrestations L'ex-président égyptien Hosni Moubarak et ses fils pourraient être arrêtés s'ils ne se rendent pas à la convocation de la justice, dans le cadre d'une enquête sur les violences policières et la corruption, a fait savoir le ministre de l'Intérieur. «Toutes les mesures seront prises pour assurer la sécurité de M. Moubarak et de ses fils», lors de leur comparution, a déclaré le ministre, Mansour Al-Issawi, cité par l'agence officielle Mena. Mais «si l'ancien président et ses deux fils refusent de comparaître devant le parquet à la date qui reste à déterminer, le procureur en sera notifié et des mesures légales seront prises», a-t-il prévenu. Le parquet égyptien a également annoncé ce dimanche l'arrestation d'Ahmed Nazif, un ancien Premier ministre de Hosni Moubarak qui a été limogé le 28 janvier, dès les premiers jours du soulèvement populaire égyptien. Il a été placé en détention provisoire pour une durée de 15 jours, dans le cadre d'une enquête pour «profits illicites et corruption». Autant de signes qui laissent espérer l'enclenchement d'un processus de justice à même de lever le voile sur les années de pouvoir du raïs Moubarak.