L'Association Carrefour des Oudayas pour la femme et l'enfant profite de ce 8 mars pour attirer l'attention sur l'affaire des Guichiates. Malgré la circulaire du ministère de l'Intérieur, ce dossier n'arrive toujous pas à voir le bout du tunnel. Elles pensaient être sorties de l'impasse, mais ce n'était qu'une illusion. Les femmes Guichiates retroussent à nouveau leurs manches pour crier au scandale d'une discrimination qui n'a plus droit d'exister. «Nous profitons de la Journée mondiale de la femme pour rappeler à l'opinion publique qu'en ce qui concerne les terres collectives, les avancées ne sont que théoriques. En pratique, il n'y a pas encore de volonté pour garantir réellement aux Guichiates un droit pourtant légalement reconnu», s'indigne la présidente de l'Association Carrefour des Oudayas pour la femme et l'enfant, Bouchra Chkirat. Afin d'exprimer clairement sa colère, cette association organise, aujourd'hui à Rabat, une rencontre pour dévoiler le marasme des terres collectives. «Nous nous battons depuis 2006 pour que les femmes puissent avoir le droit aux terres collectives au même titre que les hommes. Le 27 octobre 2010, une circulaire du ministère de l'Intérieur a officiellement reconnu le droit des femmes à la propriété des terres collectives et aux indemnités au même titre que les hommes, mais nous constatons que l'application pose problème», affirme cette militante. Où se situe le problème ? «Lorsque nous avons contacté la direction des Affaires rurales (relevant du ministère de l'Intérieur) et les caïds des arrondissements pour l'exécution de cette circulaire et donc pour la reconnaissance, à part entière, aux femmes la propriété de ces terres, on nous a répondu que ce n'était pas possible, arguant que ces femmes avaient été recensées bien avant la date de publication de la circulaire, qu'il n'y a pas de loi rétroactive et que des contrats d'investissement étaient déjà signés», explique Bouchra Chkirat. Aux yeux de cette activiste et des militants qui soutiennent cette cause, les arguments freinant l'application de la circulaire ne sont plus «valables». «Près du zoo de Rabat, 400 femmes résident depuis toujours dans les terres de Ouled Dlim. Elles risquent d'être expulsées de leurs terres, d'ici le mois d'avril, pour honorer des contrats !», s'emporte la présidente de l'association rappelant que dans ce cas précis, les terres ont été concédées par Feu Mohammed V au moyen du dahir du 19 janvier 1946, affirmant que les bénéficiaires sont propriétaires uniques de ce bien, disposant également d'un titre foncier : 22.747. «Ces femmes, qui ont absolument toutes les garanties légales pour maintenir leurs propriétés, sont contraintes de se battre pour rester chez elles», souligne cette militante. De nouveaux sit in à prévoir Pour faire valoir ce droit, elles n'hésiteront pas à reconduire leurs manifestations de colère. Au cours de l'an dernier, plusieurs centaines de femmes Guichiates ont observé, chaque mercredi, un sit in devant la direction des Affaires rurales. Puisque la situation ne s'améliore pas depuis la publication de la circulaire, tout porte à croire que des sit in sont à prévoir. «Nous en déciderons ensemble. Nous discuterons avec les femmes concernées pour déterminer la prochaine action : soit le dialogue, soit le sit in», affirme la présidente de l'association. Les terres Guich, d'une superficie totale de 6 000 hectares, restent au centre d'une polémique qui fera encore parler d'elle. «Nous avons pris sous notre aile près de mille femmes victimes de cette situation. Plusieurs d'entre elles, expulsées de leurs terres, vivent un drame aujourd'hui. Elles doivent trouver où loger et travailler pour subvenir à leurs besoins», soulève Bouchra Chkirat. La Journée de la femme n'est pas toute rose pour ces femmes. Ces derniéres attendent une délivrance, que le Maroc mette en application ses engagements vis-à-vis d'elles et de l'équité, conformément aux conventions internationales qu'il a signées.