Sur ce dossier, le pragmatisme semble être sur le point de prendre le dessus sur les enchères politiciennes. Le mercredi 9 février, l'accord de pêche entre le Maroc et l'Union européenne fera l'objet d'un examen à Bruxelles. C'est l'Espagne qui a demandé la tenue d'une telle réunion entre les ambassadeurs des Vingt sept. Ledit accord expire vers la fin de ce mois, Madrid espère sa prorogation, au moins, pour une année supplémentaire. L'exécutif de José Luis Rodriguez Zapatero souhaite que pendant ce temps, négociateurs marocains et ceux de la Commission européenne puissent parvenir à une nouvelle formule permettant aux chalutiers européens, notamment les Espagnols, de continuer à pêcher dans les eaux marocaines. Les leçons du passé En attendant la concrétisation d'une telle issue, le gouvernement de Madrid a dépêché, le vendredi 4 février, sa ministre de l'Environnement en charge de ce dossier, rencontrer la Commissaire à la pêche Maria Damanaki. Cette dernière serait contrainte d'accepter la demande espagnole notamment après le refus de sa proposition d'exclure les eaux du Sahara d'un éventuel accord entre Rabat et Bruxelles. Il y a par ailleurs de fortes chances pour que la réunion du mercredi 9 février connaisse la présentation de la nouvelle proposition de la Commissaire européenne à la pêche. L'actuel statut quo sera maintenu pour une durée déterminée. Une bouée de sauvetage, de plus, des Vingt sept à l'adresse de l'économie espagnole sur laquelle plane le spectre de la faillite comme en Grèce et en Irlande. Madrid tente de conjurer le mauvais sort en frappant à plusieurs portes : la BEI, la Chine et pourquoi pas Rabat, par le biais d'une prorogation de l'accord de pêche. A quelques mois des élections communales et régionales du 22 mai, le facteur Maroc est plus que jamais au cœur des équilibres politiques dans le voisin du Nord. Force est de constater que Zapatero a visiblement tiré les leçons du dédain avec lequel son prédécesseur, Aznar, à la Moncloa avait traité ce dossier en 1999, date de l'expiration de l'accord de pêche de 1995. Pour mémoire, il a fallu attendre huit ans et l'arrivée des socialistes au pouvoir en Espagne pour voir enfin des chalutiers européens dans les eaux atlantiques marocaines, celle de la Méditerranée leur étaient interdites.