Le Maroc conserve son attrait pour 2011, en dépit du facteur surprise qui a chamboulé les prévisions financières pour le Maghreb, avec des améliorations à faire, pensent les économistes de la Coface. Le colloque international sur les risques pays en 2011, organisé par la COFACE (Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur), a fait état de bonnes perspectives pour le Maroc en 2011. Ainsi, la filiale de la banque Natixis maintient la note A4 pour le royaume. Dans sa synthèse, elle estime que le swap sur le défaut de paiement reste acceptable et juge convenable l'environnement du business dans le pays, bien que des améliorations restent nécessaires. Dans le même temps, le vent de panique qui a soufflé sur les marchés financiers de la dette publique, suite à ce que les analystes financiers appellent «le facteur surprise», nourrit les craintes de la sphère financière internationale. En effet, le 17 janvier, les contrats sur la dette publique tunisienne ont grimpé à 184 points de base contre 120 au début de l'année en cours, ceux sur l'Egypte ont bondi à 307,5 points de base au lieu de 237. Pour le Maroc, ils ont augmenté à 159 points de base contre 125 trois semaines auparavant, selon CMA. Le spectre des tensions sociales hante ce début de 2011 La Coface, qui assure la gestion des garanties publiques à l'exportation pour le compte de l'Etat français et conseille les entreprises dont plus de 200 groupes mondiaux, pour la gestion du risque, relativise cela pour le cas du Maroc. Et pour preuve, le pays dispose d'un régime de change administré, d'un niveau de réserves confortable (8 mois) ainsi que d'une capacité de résistance «satisfaisante» dans le cas d'un retrait brutal de capitaux selon la Coface. De plus, le système bancaire marocain est considéré comme étant très développé. «Il demeure bien capitalisé, liquide et rentable, et l'amélioration de la réglementation macro-prudentielle progresse vite». La capacité du pays à faire face à ses engagements extérieurs semble être assurée. «Quels que soient les chocs défavorables que pourrait subir l'économie», estiment les experts de la Coface. Celle-ci prévoit une croissance de l'économie marocaine en 2011, notamment grâce une demande interne en hausse. La contribution «déterminante» de la demande interne soutiendra la croissance au Maroc et diluera l'impact de la dépendance du Royaume envers l'UE, dont les prévisions de croissance pour 2011 sont ternes. De même, l'assainissement en cours des finances publiques et l'endettement public modéré sont des indicateurs pertinemment révélateurs des bonnes perspectives de l'économie marocaine. Le colloque qui s'est tenu le 17 janvier, donc post-destitution de Ben Ali, s'est posé des questions sur les effets de la crise politico-économique tunisienne sur la région. L'effet serait-il significatif ou n'aurait-il aucune incidence sur l'attractivité globale du Maghreb ? Pour répondre à cette question, Jon Marks, président du Royal Institute of International Affairs, aborde l'aspect de gouvernance problématique. Il estime que parmi les pays du Maghreb, si la plupart ont réussi à installer la diversification économique, certains d'entre eux, à l'exemple de la Tunisie, n'ont pas réalisé de diversification politique. Le spectre d'une gouvernance problématique se profile donc avec acuité pour les pays de la région du Maghreb à des degrés divers, note Jon Marks.