Casablanca s'est réveillée le 30 novembre dernier sous les eaux. Depuis, le mécontentement monte et les incidents se multiplient au Conseil de la ville. C'est le «charivari à la mairie», comme nous l'avions titré. Le président du conseil dresse un état des lieux. Interview. Les derniПres rОunions du Conseil de la ville ont ОtО infructueuses. La mОsentente entre Оlus est globale. Les ordres du jour vous ont ОtО systОmatiquement reprochОs. Vous n'Рtes pas tentО de travailler en solo, plutЩt qu'auprПs des 170 Оlus de la ville pour avancer dans ce dossier ? Non. Le travail ne se fait pas en solo. Il se fait И travers des commissions, И travers des groupes de travail. En ce moment, chaque arrondissement tient des rОunions avec le DG de la Lydec qui se promПne И travers la ville et И travers tous les arrondissements. La Lydec Оcoute leurs dolОances, prend en considОration leurs besoins et rОpond И leurs questions. C'est de cette maniПre que le travail est en train de se faire. On a dОcelО certaines anomalies aprПs les inondations. Certains territoires ont ОtО touchОs plus que d'autres. Nous avons Оcrit И tous les arrondissements pour faire le bilan de ce qu'ils ont constatО et nous permettre И nous, au niveau de la ville, de recadrer ensuite notre plan d'action avec la Lydec et hiОrarchiser les nouvelles prioritОs. Il est lИ, le but de ce travail de concertation. Mais on doit le faire avec des structures qui permettent le dialogue, l'Оchange et l'inventaire. Justement. On a remarquО lors des derniПres sessions du conseil, une dislocation de la majoritО. Elle manque d'unanimitО pour pouvoir avancer dans les problОmatiques, notamment dans le cas des inondations. Que devez-vous faire pour reprendre le contrЩle d'une majoritО unie et solidaire et permettre aux Casablancais, peut-Рtre, de retrouver confiance en leurs Оlus ? Je pense aujourd'hui que ce n'est pas uniquement un problПme de majoritО ou d'opposition. On peut expliquer le comportement Оmotionnel de certains Оlus, mais on ne peut pas expliquer les attitudes nОgatives que nous avons vОcues lors du prОcОdent conseil. La majoritО existe au niveau du conseil et nous sommes en train de la structurer. Mais je tiens И dire qu'au-delИ de la session extraordinaire survenue suite aux inondations, oЭ tout le monde Оtait en Оtat d'excitation, pris par une rОaction Оmotionnelle, nous avons pu traiter normalement notre ordre du jour. Au mois d'octobre dernier, nous avons votО notre budget pour l'annОe 2011. Une quarantaine de points Оtaient И l'ordre du jour et tout s'est dОroulО normalement. Ceux qui voulaient s'opposer l'ont fait, ceux qui voulaient approuver ont approuvО, mais on n'a pas vОcu de perturbations similaires И celles de la derniПre session du 03 janvier. Que devez-vous faire pour apporter И nouveau sОrОnitО et capacitО de travail au sein du conseil ? Je pense que nous devons tous faire un effort pour mieux assumer notre responsabilitО en tant qu'Оlus et ne pas nous laisser aller vers des tentations de politique politicienne qui dОnature un peu le sens de cette responsabilitО. Et c'est l'image qu'on doit s'efforcer de construire pour rОtablir la crОdibilitО de l'Оlu, dont certains sont de trПs grande qualitО. Moi, j'ai toujours considОrО que notre vОritable parti en tant qu'Оlu local, c'est notre ville. Les Оlus communaux ne touchent pas de salaire. Leur travail est totalement bОnОvole. Certains d'entre eux sont mРme chЩmeurs. Vous trouvez cela cohОrent ? Ceci est une question de fond. Quel rЩle doit Рtre celui de l'Оlu ? Comment l'indemniser pour le temps qu'il consacre И la gestion de la chose publique ? Comment le motiver И faire son travail ? Dans d'autres pays, il existe des systПmes d'indemnisation des Оlus auxquels nous ne sommes pas encore parvenus. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes une dОmocratie locale en cours de perfectionnement, puisque nous n'avons pas encore atteint le niveau en termes de charte et de rОglementation. Вa, c'est une Оvolution sur laquelle devrait se pencher la prochaine charte communale. Et il faudrait aussi, au-delИ de notre rЩle d'Оlus, que nous puissions avoir une administration suffisamment puissante, suffisamment formОe, motivОe, pour pouvoir accomplir son rЩle d'administration des services de la ville. Les Оlus, les Casablancais, au-delИ de la catastrophe naturelle, n'ont eu de cesse d'incriminer la Lydec И cause des engagements qu'elle n'aurait pas tenus. ConcrПtement, a-t-on formulО des charges contre elle et oЭ en est-on avec le contrat qui la lie И la ville ? Dans le cadre de la convention que nous avons avec la Lydec, le budget est arrРtО. Une enveloppe de 4,2 milliards de dirhams qui s'Оtale sur 5 ans. Mais au-delИ de ce contrat et de ces rОalisations qu'il va falloir rОgler И temps, nous allons devoir ajouter ce que nous avons constatО lors des intempОries du 30 novembre. Il y a des quartiers, vu ce qu'ils ont vОcu, qui mОritent qu'on y investisse davantage. Tout cela est en train de se faire. Nous tiendrons une rОunion avec l'ensemble des prОsidents d'arrondissement pour dОterminer un nouveau plan d'action avec la Lydec. La situation de monopole de la Lydec ne montre-t-elle pas ses limites ? Les Casablancais ne gagneraient-ils pas en qualitО de services avec plusieurs opОrateurs ? La question s'est posОe sur l'intОrРt d'avoir un ou plusieurs opОrateurs dans certaines zones mais dans ce dОbat, chacune des solutions prОsente И la fois des avantages et des inconvОnients. Mais vous savez, la Lydec a une situation de monopole sur certains mОtiers, mais pas sur l'ensemble. Sur l'Оclairage et l'ОlectricitО, nous ne sommes pas en situation de monopole И Casablanca. Nous avons encore des zones qui sont gОrОes par l'ONE. Il y a aussi des zones dans les communes limitrophes de Casablanca dont le rОseau d'eau est toujours administrО par l'ONEP. Donc, cette question de monopole est structurelle, centrale, et elle doit Рtre posОe dans la prochaine Оtape de rОvision du contrat. Les derniПres rОunions du conseil ont ОtО accompagnОes de manifestations (pacifistes) aux portes de la Wilaya. Ces Casablancais demandent des dОdommagements suite aux inondations. Certains d'entre eux ont tout perdu. Les sinistrОs peuvent-ils espОrer un soutien de la part de l'Etat ou de la ville ? Nous avions dОbloquО au moment des inondations un petit budget au niveau de la commune pour venir en aide aux personnes les plus touchОes, les plus nОcessiteuses. Celles qui ont perdu leur toit, celles qui ont perdu leurs petits moyens d'existence. Cela reste limitО vu l'ampleur des dОgЙts et bien entendu, ce systПme d'indemnisation, il va falloir y travailler sОrieusement. Il y a, И ma connaissance, un programme dans les tiroirs du Parlement qui va permettre une gestion adaptОe И ces situations de catastrophe naturelle. C'est quelque chose qui n'existe pas encore, ce qui fait qu'il y encore un petit flou pour dОterminer les responsabilitОs des uns et des autres, mais je crois que l'Etat travaille trПs sОrieusement sur les dispositifs qui doivent Рtre mis en place. Par ailleurs, oЭ en est-on dans le recasement des bidonvilles et les grandes rОalisations И venir, au-delИ du projet du tramway ? En 2004, nous avions И peu prПs 90.000 foyers qui habitaient dans les bidonvilles. En 5 ans, nous en avons recasОs la moitiО et aujourd'hui, nous en sommes И 40.000. La cadence avec laquelle cette problОmatique est rОsolue est absolument ahurissante. C'est sans prОcОdent, et c'est aussi parce que l'Etat a priorisО ces actions en dОbloquant des budgets considОrables. Quant aux autres projets structurants, ils sont en train de se faire, notamment les projets d'assainissement dans la zone Est de Casablanca. C'est un projet colossal qui va permettre de collecter sur 22 km toutes les eaux usОes, du port de Casa И Mohammedia, dont les eaux sont directement dОversОes dans la mer. Ce projet permettra d acheminer ces eaux vers une station de prОtraitement И Sidi Bernoussi, et un Оmissaire marin va permettre de rejeter le tout И 3 ou 4 km des cЩtes. C'est un projet dont rРvent les Casablancais et nous sommes en train de le rОaliser. Normalement, il devrait Рtre achevО pour 2014. Pour finir, avec tout le charivari des derniers conseils, comment faites-vous pour rester motivО face И tant d'agressivitО ? Ma motivation, je la puise dans la passion que j'ai pour la ville. Je la puise aussi dans le privilПge que j'ai de pouvoir travailler pour mon pays. Si vous n'avez pas cette passion, si vous n'avez pas cette conviction et cette foi en votre pays, vous ne pourrez pas y arriver. Quand on voit votre situation personnelle, И votre place, beaucoup se seraient exemptОs de telles missions… Vous savez, je suis dОputО de la rОgion de Taroudant depuis 93 et j'ai pu rОaliser avec un certain nombre de partenaires des choses absolument inimaginables il y a 20 ans. On a pu Оlectrifier une rОgion И 97% , on a pu construire des routes dans des zones qui Оtaient complПtement enclavОes, on a pu amener des collПges lИ oЭ il n'y avait pas l'espoir d'en voir. On a fait des choses absolument fantastiques avec la participation des citoyens, avec un sens de la solidaritО absolument exceptionnel. Elle est lИ notre rОcompense. Arrivez-vous И trouver un tel retour au niveau de Casablanca ? Et bien je le trouve en certaines occasions. Ce n'est pas toujours le cas, mais on tire toujours une certaine fiertО de ce qu'on a pu rОaliser ou ce qu'on a pu contribuer И rОaliser.