Le Centre anti-poison et de pharmacovigilance (CAPM) s'apprête à organiser une journée d'étude sur l'intoxication par monoxyde de carbone (CO). L'un des objectifs : soulever l'insuffisance de la norme marocaine d'application. L'an dernier, l'intoxication par CO a été à l'origine de 13 décès. Iy a quelques jours, le quartier Massira (Bensouda) à Fès a été secoué par le drame d'une famille qui a perdu deux de ses membres. Deux sœurs ont trouvé la mort suite à une asphyxie après l'inhalation de gaz qui s'échappait du chauffe-eau. Le besoin de se réchauffer sans prendre les précautions nécessaires a souvent conduit vers des tragédies. En dix-huit ans, de 1991 à 2008, près de 13.000 Marocains sont été victimes d'intoxication par CO, dont 93 décès, selon le CAPM. L'an dernier, ce sont 1.674 cas d'intoxication de ce type qui ont été signalés, dont 13 décès. Cette année aura sans nul doute son lot de tragédies similaires, mais en attendant de dresser le bilan en chiffres, le CAPM a bien l'intention de soulever le débat sur une législation qui ne joue pas pleinement son rôle. « Il y a un manque. Nous n'avons qu'une seule norme qui traite du problème et elle ne concerne que le fonctionnement et l'installation des chauffe-eaux », déclare Rachida Aghendous, ingénieur en chef au CAPM, responsable des intoxications par CO. La norme marocaine d'application obligatoire «NM 14.2.018» relative au fonctionnement et à l'installation des chauffe-eaux édicté par le ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies semble être restreinte. « L'idéal, ce serait de disposer d'une norme qui traite de tous les aspects du problème depuis la provenance du matériel », insiste Rachida Aghendous. La norme actuelle réunit un ensemble de recommandations, dont celles de lire la notice technique et d'emploi avant d'installer l'appareil et de confier l'installation à un professionnel qualifié. Le consommateur analphabète est dans l'incapacité de s'y soumettre et le professionnel « qualifié » ne l'est pas très souvent, comme le rappellent des associations de protection des consommateurs. La norme recommande aussi de ne pas installer le chauffe-eau dans un endroit fermé ou qui ne soit pas bien aéré et d'installer une canalisation adaptée pour l'évacuation des gaz brûlés à l'extérieur. « Dans la majorité des cas d'intoxication par monoxyde de carbone, l'origine est liée au matériel défectueux, à la mauvaise utilisation ou encore au manque d'aération des maisons», affirme cette responsable. Et d'ajouter que dans 98 % des cas, l'intoxication est accidentelle et dans 96 % elle a lieu à domicile. Une situation face à laquelle le CAPM veut agir en réunissant toutes les parties liées de près et de loin pour une journée d'étude prévue au début du mois de février. Les responsables de la normalisation, les associations de protection des consommateurs ainsi que les représentants des bureaux municipaux d'hygiènes et les professionnels de santé y sont conviés. L'intoxication au CO sera débattue en long et en large afin de parvenir à créer un consensus. « Nous nous pencherons sur tous les aspects de la question allant de la définition de ce type d'intoxication, en passant par les installations des appareils et leur maintenance », annonce la responsable des intoxications par CO. De cette journée d'étude, il est attendu de parvenir à des solutions plus efficaces contre ce fléau. Imposer des contrôles plus rigoureux pour traquer des chauffe-eaux made in China, pourrait être l'une des résolutions. En attendant, il est à rappeler que le CAPM mène depuis 2008, des campagnes de sensibilisation, d'information et de formation dans les régions les plus touchées par ces intoxications. Le Centre s'est déplacé, d'abord, à Meknès-Tafilalet en tête de liste des intoxications enregistrées, puis à Tanger-Tétouan et à Tadla-Azilal. « Nous avons programmé une quatrième campagne dans l'Oriental vers la fin de janvier 2011 », indique Rachida Aghendous. A chaque escale, le menu est le même : la formation de formateurs, des enseignants des Sciences de la vie et de la terre. « Nous réalisons nos formations en collaboration avec les académies régionales d'éducation et de formation. Nous avons formé près de 500 enseignants par région », précise cette responsable. Le CAPM a aussi formé une quarantaine de médecins des hôpitaux publics. Il a réussi ainsi à standardiser la conduite à tenir pour la prise en charge des victimes d'intoxications. Pour toute demande d'information ou d'aide, n'hésitez pas à composer le numéro économique 0801 000 180 du CAPM.