Depuis les dernières intempéries, la circulation à Casablanca a franchi un pas vers l'insoutenable. La multitude de tronçons de routes bloqués transforme les carrefours praticables en nasses où l'incivisme des conducteurs s'exprime librement. La maréchaussée, débordée, tente tant bien que mal de se concentrer sur les points névralgiques mais le comportement des automobilistes nécessiterait davantage le recours à l'armée. Une des différences notoires entre les villes du tiers-monde et celles des mégapoles occidentales est le relatif calme qui règne sur les routes. Point de klaxon. Chez nous, l'avertissement sonore vaut affirmation de soi. Je klaxonne, donc je suis. Triste définition de l'automobiliste… Mauvaise nouvelle pour les agités de la trompe sonore, l'usage du klaxon n'a jamais réussi à dissoudre les embouteillages. Il contribue simplement à augmenter le stress des automobilistes et de tous ceux qui y sont exposés. Alors de grâce, cessez de nous polluer. Rappel pour les inconditionnels des décibels : l'usage du klaxon est prévu pour donner les avertissements nécessaires aux autres usagers de la route, avec toutefois plusieurs restrictions, selon que l'on soit en ville ou non, de jour ou de nuit, pas pour crier «pousse-toi de là que je m'y mette». Dans certains pays, où la circulation est bien plus dense que chez nous, un petit coup de klaxon vaut une amende d'environ 4.000 DH. A ce prix-là, les caisses de l'Etat seraient plus pleines que celles de tous les coffres helvètes. Dans ces mêmes pays, les carrefours sont matérialisés par des croisillons. S'y engager sans avoir de visibilité revient à commettre une infraction. Il est stupide de bloquer un carrefour parce qu'on perd plus de temps que si on laissait le passage libre aux automobiles dont le feu est vert. Voici deux petits gestes qui rendraient les routes bien plus agréables, pour tous.