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Kafala Une deuxième naissance po ur les enfants abandonnés
Publié dans Le Soir Echos le 11 - 11 - 2010

Les chiffres sont alarmants. Sur l'année 2008, le Maroc compte un peu plus de 6.000 enfants abandonnés à la naissance. Entre évolution et prise de conscience, la kafala est un véritable espoir pour la protection
de l'enfance.
Un jardin peuplé de toboggans, des chambres aux mille couleurs habitées de couffins et de lits d'enfants, une grande crèche ensoleillée, des salles de classe propices aux premiers gribouillages. Il ferait presque bon vivre à la Maison d'enfants Lalla Hasnaâ de Casablanca. Pourtant ici, chaque histoire commence dans les larmes. Nés de parents démunis, tenus en pénitencier ou en psychiatrie, ces enfants sont arrivés sur terre au mauvais endroit, au mauvais moment. Dans son petit bureau aux tons pastels, Samira Kaouachi, la directrice, se donne corps et âme pour encourager la kafala: «Nous prenons en charge les enfants de la naissance à 6 ans. Les transférer dans un autre établissement nous déchire toujours le cœur. Leur avenir est angoissant. C'est pour cela que nous nous battons pour la kafala. Notre but est de leur trouver des foyers. L'équilibre, le bonheur et la stabilité sont dans une famille, pas dans un établissement». Depuis début 2010, l'association Al Ihssane a effectué 72 kafalas pour 76 nouveaux orphelins. Des chiffres encourageants qui ne sauraient, pour autant, masquer la réticence d'une partie de la population à l'égard de cette mise sous tutelle «Ce qui inquiète les gens ici, c'est que l'enfant porte le nom de la mère alors que dans la plupart des cas, ce prénom n'est qu'une étiquette. Les gens disent qu'ils ne peuvent pas le prendre en charge car ce n'est pas leur enfant. Alors je leur explique qu'ils sont protégés par le jugement d'abandon», explique Samira Kaouachi.
Le jugement d'abandon est décidé par les juges de tutelles après une enquête de la police prouvant que l'enfant a été abandonné. Il protège ainsi l'enfant, les parents et les associations. Ces dernières ne peuvent rien faire sans accord juridique : notamment, un enfant trouvé à l'extérieur de l'établissement ne peut entrer dans l'orphelinat qu'avec un ordre du procureur et une réquisition de la police. Dès lors, l'enfant est inscrit dans les registres de l'Etat civil et obtient un jugement d'abandon rendu par le tribunal. «Nous sommes des intermédiaires entre le ministère de la Justice et les parents», explique Samira. Les locaux de La Maison d'enfants Lalla Hasnaâ appartiennent au ministère de la Santé tandis que l'association Al Ihssane a été créée pour gérer financièrement l'établissement. Les orphelinats marocains peuvent également fonctionner en partenariat avec l'Entraide nationale ou la Ligue de la protection de l'enfant. Désormais et selon la loi 14-05 parue en 2006, les maisons d'enfants doivent répondre à une série de normes d'hygiène, d'équipement, d'encadrement et de sécurité pour bénéficier de l'agrément. Une grande révolution dans le monde associatif perçue comme une véritable protection pour l'enfance.
Ainsi, peu à peu, la loi sur la Kafala assouplit son cadre juridique.
Depuis 2002, une femme célibataire, divorcée ou veuve bénéficie de la kafala d'un ou plusieurs enfants. Deuxièmement, la kafala provisoire permet à l'enfant d'arriver plus vite dans le foyer de sa famille kafila. Il bénéficie désormais d'un nom administratif. Enfin, depuis cette année, l'enfant peut porter le nom de la famille kafila. Seule la question de l'héritage rappelle que la kafala n'est pas une filiation et ne répond donc pas aux critères de l'adoption, d'où la nécessité pour les parents de faire des donations à leur enfant -le tiers de l'héritage atanzil-.
Pour autant, la kafala reste assez mal perçue par la communauté étrangère, les démarches administratives pour faire valoir la kafala à l'étranger – sous les termes d'une adoption – étant très complexes. Néanmoins aussi surprenant soit-il, de plus en plus d'étrangers musulmans viennent adopter au Maroc. C'est le cas de la réalisatrice Kadija Leclere qui, quoique dotée de la double nationalité belgo-marocaine, a choisi la kafala : «J'ai fait ce choix car au Maroc, l'adoption est plus humaine et plus facile que dans les pays européens. Il faut bien-sûr remplir toutes sortes de conditions mais les conditions sont claires et toute personne de bonne foi qui veut adopter un enfant peut le faire. En Belgique, il est pratiquement impossible d'adopter pour une femme. La procédure est très longue et finalement, certaines personnes se voient refuser l'adoption, avec pour tout justificatif un avis défavorable sur le papier! La procédure est payante et très chère, ça ressemble à du racket de l'Etat. C'est tout simplement honteux. J'ai eu la chance de rencontrer deux personnes, Fatah Laouissi et Samy Layani qui connaissaient l'association Al Basma à Ouarzazate, tenue par Mme Leila dont le maire est Moulay Abderhmane. Ils m'ont demandé des papiers qui me semblaient justes : une fiche anthropométrique, un extrait d'acte de naissance, des preuves de sources de revenus, un certificat de résidence…»
Des justificatifs administratifs, des entretiens, des enquêtes judiciaires et des visites à domicile: associations et tribunaux tiennent à s'assurer du bon état du foyer d'accueil. Pour éviter le pire. Car comme le souligne l'une des bénévoles de Lalla Hasnaâ, «Ces enfants réclament constamment de l'attention, ils faut qu'ils sentent qu'on est tourné vers eux. C'est un travail éreintant. Les blessures sont intérieures. Ils vous appellent spontanément « maman », je les corrige et souvent même, ils se corrigent entre eux! Ils ont tous besoin de la même chose : le simple fait d'être là, de leur parler, de se comporter comme une maman pourrait se comporter vis-à-vis de son enfant».
Des enfants en quête de tendresse qui, derrière leurs regards souriants et alertes, luttent. Des pleurs, des insomnies, la directrice revisite des images de douleur. Au sein des associations, des pédo-psychiatres assurent un suivi médical et psychologique. Surtout, Samira rappelle la responsabilité des parents kafilin: «Il arrive qu'inconsciemment, les parents coupent toutes relations avec le passé de l'enfant. Or il ne faut jamais dramatiser la situation. Au contraire, il est important de raconter à l'enfant d'où il vient, de lui parler de sa mère biologique, de son père, de lui dire la vérité et de le rassurer. Sans quoi les conséquences peuvent être très graves pour l'enfant!» Ainsi prône-t-elle la mise en place de stages pour les parents adoptifs. Elle revendique une formation et des entretiens psychologiques afin de préparer le couple à la kafala. Selon elle, «la kafala ne fonctionnait pas avant car il n'y avait pas ce langage, cet encadrement. Elle était tabou». Et d'ajouter : «Certains prétendent que la kafala n'est pas en accord avec l'Islam. Or ces enfants-là existaient au moment de notre Prophète. Ça n'a jamais été un tabou dans notre religion, ça l'est devenu dans notre culture marocaine !». Telle est l'indignation d'une femme pour qui, après 25 ans de lutte et d'engagement, considère chaque enfant comme le sien. Quoiqu'entièrement dévouée à la cause des enfants, elle rappelle que cette situation est anormale : «Il faut travailler la prévention. Je demande aux gens d'arrêter de faire des dégâts. Les enfants qui sont pris en charge sont des chanceux. Mais les autres ? Notre religion, notre culture et nos principes sont clairs et nets, alors je ne vois pas pourquoi le nombre d'orphelins de parents vivants augmente ?» Rappelant ainsi que les premières victimes sont les enfants et par ricochets, la société tout entière.
Les étapes de la kafala
A son entrée à l'orphelinat, l'enfant est pris en charge administrativement, physiquement, psychologiquement et médicalement. On lui donne un prénom. Un dossier est déposé pour une inscription dans l'Etat civil et un autre au sein du tribunal pour le jugement d'abandon. Suite à quoi l'enfant est jugé « adoptable » ou non, les enfants malades ou handicapés n'étant pas directement proposés aux futurs parents. Ces derniers sont alors soumis à un entretien avec le/la responsable de l'établissement avant de préparer un dossier avec l'Assistante sociale qui fait, par ailleurs, une visite à domicile. Les futurs parents partent ensuite consulter un pédiatre à l'extérieur de l'établissement et reviennent avec une attestation et un certificat de bonne santé. Ils doivent alors présenter le dossier au juge des tutelles.
Ce n'est qu'après toute cette procédure que les futurs parents peuvent demander un contact avec l'enfant puis, après plusieurs visites, une kafala provisoire. La demande de la kafala provisoire, d'une durée indéterminée, est donnée aux résidents marocains. Pendant ce temps, une commission constituée au tribunal dresse un avis sur la kafala qui sera tranché par le juge des tutelles. Les parents doivent se présenter devant le juge. Enfin la kafala définitive est prononcée. La kafala est entièrement gratuite.
Et pour les étrangers ?
Pour faire une kafala, les futurs parents doivent être de confession musulmane. Les démarches sont les mêmes que pour les résidents marocains, sauf qu'ils doivent présenter un agrément de kafala du pays de résidence. Egalement, il n'existe pas d'adoption provisoire (période pendant laquelle l'enfant n'a pas le droit de sortir du pays). Les parents étrangers doivent attendre la kafala définitive qui offre systématiquement la nationalité marocaine à l'enfant. Ils doivent enfin engager les démarches administratives nécessaires pour que l'enfant, pris en charge, soit reconnu comme tel dans son pays d'accueil et puisse bénéficier de tous ses droits.
Chiffres
Les maisons d'enfants ont des besoins considérables. Pour se faire une idée, voici les chiffres de la Maison d'enfants Lalla Hasnaâ à valoir pour 297 bébés et enfants :
Lait 1er et 2ème âge + farine : 400 biberons/jour
Lait complet : 60 litres/jour
Couches : 800 unités/jour
Yaourts : 80 unités/jour
Linge à laver : 228 kg/jour
Salaire mensuel + CNSS + IGR + AMO 131/172 payés par l'Association : 375 000 DH/mois


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