Manhasset, dans la banlieue de New York, abrite les 8 et 9 novembre une autre réunion informelle entre le Maroc et le Polisario, avec la participation de l'Algérie et de la Mauritanie. La troisième du genre après celles qui ont eu lieu en Autriche (août 2009) et à Armonk, justement à New York, en février 2010. Lors de sa dernière tournée dans la région, fin octobre, Christopher Ross a évoqué le prochain round des pourparlers sans pour autant annoncer de date précise. Depuis que l'Américain Ross a été nommé médiateur du conflit au Sahara, en janvier 2009, après la démission de son prédécesseur le Néerlandais Peter Van Walsum, il a montré sa préférence pour les réunions informelles à la place des négociations directes préconisées par l'ancien représentant personnel du secrétaire général de l'ONU. Après les deux étapes en Autriche et aux Etats-Unis, force est de constater que le dossier est toujours dans l'impasse. La trouvaille du nouvel émissaire de l'ONU n'a rien donné de concret sur le terrain. Dans des déclarations au «Soir échos», Tajeddine El Houssaini, avocat et professeur de relations internationales à l'Université Mohammed V à Rabat, rappelle que «les négociations directes ont été acceptées par les parties depuis longtemps. Après quatre rounds, elles ont montré leur échec. Christopher Ross a inventé une nouvelle méthode de travail qui consiste en la tenue de réunions informelles dans le but d'établir, loin de la pression des médias, une certaine confiance entre les deux parties. Après deux rounds, il s'avère que cette méthode n'a rien donné de concret». Et d'ajouter que «personnellement, je ne vois pas d'utilité à ces réunions informelles. Même si c'est le Maroc qui a débloqué la situation en présentant son plan d'autonomie, une solution intermédiaire et, de surcroît, conforme aux critères internationaux, saluée par les grandes puissances et qualifiée par le Conseil de sécurité de solution crédible». Notre interlocuteur précise par ailleurs que «le Maroc a fait une concession majeure en mettant le projet d'autonomie sur la table des négociations. Malheureusement, le Polisario campe sur sa position et demeure à l'extrême. Tout ce qu'il a entrepris, c'est d'ajouter l'option de l'autonomie qui ne figurait pas dans la première mouture du référendum, laquelle comprenait l'intégration au Maroc ou l'indépendance». Et de conclure avec un brin de pessimisme qu'il «ne voit pas d'horizon à cette question tant que l'Algérie et le Polisario campent sur leur position». De son côté, Mustapha Naïmi, un éminent spécialiste des affaires du Sahara, assure que «si les deux parties s'accordent pour une troisième réunion informelle, ceci démontre qu'elles tiennent à la légitimité internationale. En revanche, chaque partie campe sur sa position». Et d'ajouter : «Les réunions informelles sont un processus de longue durée dont l'objectif nodal est d'amener le Maroc et le Polisario à entreprendre des négociations directes sans l'égide de l'ONU», explique notre interlocuteur. «Il ne faut pas s'attendre à grand-chose de ces négociations indirectes». Quant à la position du médiateur de l'ONU, «elle est diamétralement opposée à celle du Maroc, il souhaite à un retour à l'option référendaire», conclut Mustapha Naïmi.