Atravers tout le royaume, de nombreuses associations s'engagent auprès des populations défavorisées, parmi elles, l'«Association des jeunes handicapés d'Oujda et leurs amis et la Wilaya». Financée par le roi Mohammed VI, par des subventions étatiques et par le produit de la vente de pâtisseries et de travaux d'artisanat des bénéficiaires du centre, l'association permet à ceux que la naissance a exclus de trouver une place, utile, dans la société. Ali a 5 ans, tous les matins, il accompagne son père au centre pour handicapés moteurs et mentaux d'Oujda. Handicapé physique de naissance, le père de Ali est le chef pâtissier de l'association qui existe depuis 1981. Lancée grâce à la volonté de l'INDH, avec un budget de 200.000 dirhams, l'association a pu se développer grâce à un don royal, après la visite du Souverain à Oujda. Aujourd'hui, le centre prend en charge près de 3.000 déficients mentaux et moteurs et soulage ainsi de nombreuses familles du désarroi, en proposant des activités créatives et utiles comme la pâtisserie – très appréciée de la population oujdie -, la couture, la coiffure, l'artisanat ou encore l'informatique. La pâtisserie emploie à elle seule une vingtaine de personnes formées par des chefs pâtissiers de grands hôtels marocains et étrangers. «Je fais partie de la première promotion», explique le père du petit Ali. «Nous avons pris la relève des premiers chefs et nous en avons formé d'autres. Aujourd'hui, je m'occupe de toute la logistique de la pâtisserie, des fours, des ingrédients, des employés, des finances, etc. Ce travail a changé ma vie», assure-t-il. Handicapé et ayant fait un passage en prison dans sa jeunesse pour une histoire de chèque en bois, le papa de Ali s'en est sorti grâce à l'association où il a rencontré sa femme couturière. Il loue un petit appartement et attend son deuxième enfant, qui pourra aller, comme son premier fils, à la garderie du centre. Enseignement et rééducation Le centre possède également des salles d'enseignement, pour les analphabètes et les déficients mentaux légers, dans lesquelles travaillent les handicapés, avec des salaires qui dépassent le Smic. Fatiha est enseignante. Handicapée moteur de naissance, son métier la passionne. «Je suis très fière de mon travail», témoigne-t-elle, «je m'occupe d'une classe d'analphabètes de tous les âges et de toutes conditions mentales. Cela leur permet de se débrouiller un minimum dans la vie et leur donne de l'importance». L'association fait aussi de la rééducation pour enfants handicapés moteurs issus de familles défavorisées. Forte d'une infrastructure moderne de machines spécialisées, elle reçoit et soigne plus d'une trentaine d'enfants par jour. Les familles sont invitées à participer à la rééducation par l'équipe de kinésithérapeutes qui leur explique les petits mouvements faciles à reproduire à la maison. Depuis quelques années, le Centre des handicapés donne de l'espoir à une large population oujdie, grâce à un message clair : on reçoit de l'aide et on aide à son tour, puisque les bénéficiaires doivent s'impliquer dans leur propre formation pour ensuite former les autres. Fatiha, l'enseignante, a d'ailleurs collé au mur de sa classe un proverbe chinois qui illustre bien l'ambition de l'association : «Au lieu de me donner un poisson, apprends-moi à pêcher».