Entre balbutiement et absence de réglementation, le développement des salons professionnels ne trouve toujours pas son chemin. N'importe qui peut s'improviser organisateur de salons professionnels au Maroc». C'est en ces propos que Abdelmajid Benmoussa, commissaire et expert en organisation de salons professionnels, décrit la situation des salons au Maroc. En effet, en l'absence d'un cadre qui réglemente cette activité très rentable, n'importe qui peut se prétendre organisateur de salons, affirme Benmoussa. En effet, fort est de constater qu'il y a des salons qui se déroulent presque en même temps, parfois dans le même endroit représentant les mêmes secteurs et donc ciblant les mêmes visiteurs, note Hasnaa Messaoudi Moussi, directrice d'une agence spécialisée dans l'événementiel. Ceci dénote un manque de professionnalisme, selon elle. Même son de cloche chez Abdelmajid Benmoussa, qui pense qu'il est temps que l'activité passe à la vitesse supérieure pour atteindre un minimum de maturité. «On ne s'improvise pas organisateur de salons du jour au lendemain. Les organisateurs ont des obligations envers les exposants. Certains se contentent de louer un espace, l'aménager en stands et démarcher les entreprises pour qu'elles y exposent. Ce n'est pas cela notre cœur de métier», s'indigne Benmoussa. Selon lui, certains organisateurs, n'étant soumis à aucune obligation, ne communiquent même pas autour de la manifestation pour drainer des visiteurs et encore moins faire l'effort de l'accompagner. Il estime que pour sortir l'activité de l'impasse, il faudra une implication des associations professionnelles et ce, pour développer davantage la spécialisation. La professionnalisation commence par mettre en place de bonnes bases sur lesquelles l'activité pourra démarrer, mais également un cadre réglementaire qui la régit. D'un autre côté, Hasnaa Messaoudi Moussi estime que le défaut de certains organisateurs, est qu'ils veulent tout organiser. «Il faut se spécialiser dans un créneau et sous-traiter certains travaux liés à l'organisation d'un salon à des spécialistes, si on veut que l'événement se déroule dans les règles de l'art», affirme t-elle. Pour l'instant, cette spécialisation fait défaut et la plupart des organisateurs se rabattent sur tous les événements. Pour développer cette professionnalisation, les organisateurs de salons n'ont d'autre choix que de s'inspirer des référentiels internationaux, nous explique Benmoussa. Il doivent s'en inspirer également pour développer un autre élément et pas des moindre : les centres d'expositions. A Casablanca, métropole économique où se tient la plupart des événements et des salons, il existe peu de centres d'exposition professionnelle. On compte à peine deux centres. Cette problématique, José Frazao, directeur du salon Portugal Expo, qui a tenu sa première édition à Casablanca en novembre 2009, en est conscient. D'autant plus, qu'il est directeur général d'un des plus grands centres d'exposition au Portugal «Exposalao». «Une ville telle que Casablanca devrait normalement se doter d'un centre d'exposition qui répond aux normes internationales. En d'autres termes, au-delà d'être un espace d'accueil pour les exposants, le centre d'exposition doit être en mesure de fournir un service efficace pour les exposants, les visiteurs, les congressistes ainsi que les médias à travers les différentes annexes dont-il dispose», nous indique José Frazao. D'ailleurs, ce dernier compte monter un projet dans ce sens afin de combler le vide qui subsiste dans ce domaine. «Je suis en discussion avec les autorités locales pour lancer un projet de centre d'exposition dans la région entre Casablanca et Rabat. Outre la zone d'exposition, le centre comprendra plusieurs annexes notamment un auditorium pour les conférences, un hôtel et des centres commerciaux», nous a t-il annoncé.