La vente directe représente quelque 16% des circuits de commerce. L'activité est en phase de devenir un rempart contre le chômage. Le statut des vendeurs pose problème. Dans l'un des quartiers chics de Casablanca se tient le showroom d'une société de vente directe de sacs et d'accessoires de mode pour femmes. A quelques pas du premier magasin, se trouve une seconde enseigne de vente directe de cosmétiques. Dans le premier magasin comme dans le second, des femmes se bousculent pour passer leurs commandes. C'est le principe même de la vente directe. Une société propose des produits, de natures diversifiées, à des intermédiaires de vente. Appelés vendeurs directs indépendants (VDI), ces derniers commercialisent directement ces produits aux clients en contrepartie d'une marge qui augmente avec la quantité de produits vendus. La définition de la vente directe montre que ce secteur est très porteur. Ceci dit, elle représente un circuit de distribution peu exploité au Maroc. «La vente directe ne représente qu'à peu près 16% par rapport aux autres circuits», nous indique Majid Ouassir, président de la Fédération marocaine de la vente directe (FMVD). Ce dernier estime que «même si l'économie liée aux coûts de distribution permet à la vente directe de pratiquer des tarifs de 20% inférieurs à ceux des produits concurrents sans intermédiaire, la part des ventes directes au Maroc reste faible et progresse peu». Il affirme que ce secteur représente, en France, la troisième activité génératrice d'emplois et de revenus. En revanche, au Maroc l'activité peine à se faire connaître. «Les femmes constituent l'essentiel de la force de vente. Pour intégrer le métier, aucun diplôme n'est exigé, il faut juste avoir le contact facile avec la clientèle et l'esprit commercial. C'est ce qui fait d'ailleurs le succès de la vente directe», nous explique-t-il. En effet, la plupart des vendeuses sont des femmes au foyer ou des étudiantes en quête d'une activité non contraignante et rémunératrice. Les diplômés chômeurs trouvent également dans cette activité un moyen de sortir de la précarité. Selon, Ouassir, «la vente directe est en phase de devenir un rempart contre le chômage au Maroc». Concernant la rémunération dans ce secteur, elle peut être très attrayante. Une vendeuse peut atteindre un chiffre d'affaires de 10.000 DH par mois, nous informe Ouassir. Cependant l'activité connaît des obstacles qui freinent son évolution, dont le statut des VDI. A ce sujet, le président de la FMVD, affirme qu'en France, par exemple, le statut des VDI ne pose aucun problème. Même s'ils travaillent indépendamment ils sont attachés à l'entreprise et bénéficient de tous les avantages sociaux : assurance santé, mutuelle, retraite… Par contre, au Maroc, les VDI ne bénéficient d'aucune protection sociale. C'est ce qui a incité Ouassir à créer cette fédération. Récemment labellisée, la fédération a pour objectif de protéger les consommateurs et les VDI. Elle tend, également, à être la seule interlocutrice des pouvoirs publics, des médias, des associations et des consommateurs. Par ailleurs, les avantages de la vente directe commencent à séduire les industriels de la place. En effet, l'une des grandes entreprises marocaines opérant dans le secteur des cosmétiques, commence à commercialiser une partie de ses produits à travers ce mode de distribution. «Nous sommes en discussion avec un laboratoire de cosmétique marocain, leader sur le marché, pour distribuer ses produits», nous annonce le président de la FMVD, ajoutant que «cet éventuel partenariat permettra à l'entreprise productrice d'épargner les charges de la logistique, du transport et de réduire les intermédiaires, tout en conservant une marge raisonnable». Cas français Les pouvoirs publics contribuent à la promotion du secteur Comme nous l'a affirmé Majid Ouassir, la vente directe en France, représente la troisième activité génératrice d'emplois et de revenus. Conscients alors de l'ampleur que connaît ce secteur, les pouvoirs publics ont décidé de contribuer encore plus à son essor. En effet, il y a juste trois mois, un accord entre la Fédération de la vente directe et le ministère de l'Emploi français, a été signé en vue de la création de 100.000 emplois sur 3 ans. Ce contrat vise à promouvoir cette voie du commerce en France. Notons que les entreprises membres de la Fédération de la vente directe en France représentent à elles seules 223.000 personnes. Alors qu'aux Maroc, la majorité des entreprises existantes sur le marché, liées à des multinationales étrangères, ne sont pas adhérentes à la FMVD. Le Maroc devra fournir donc des efforts pour élever le rang de ce secteur par rapport aux autres modes de distribution. Le statut des vendeurs directs indépendants, lui aussi, doit opérer quelques changements afin que le secteur puisse évoluer dans le bon sens.