En 1914, déjà, (11 septembre), un Dahir soumet les Berbères au droit coutumier. Nulle réaction des élites à cette date. Il n'en sera pas de même en 1930. C'est à partir de la publication de ce Dahir que le nationalisme marocain reprit de sa vigueur. C Les interstices, c'est : la presse ; l'action politique ; l'action syndicale ; l'enseignement performant – pour les filles comme pour les garçons. Aouchar : «L'histoire de la résistance marocaine à la colonisation se divise en deux grandes périodes : 1 – résistance armée de 1912 à 1934 ; puis de 1953 à 1956 ; 2 – résistance politique du début des années 1930 à la déposition de Mohammed V en août 1953. Cette seconde phase est elle-même scindée en deux périodes: la revendication des réformes, puis celle de l'indépendance». La lutte armée dirigée par Mohamed ben Abdelkrim Al Khattabi, entre 1921 et 1926, eut un impact très puissant. Elle fut le catalyseur d'une prise de conscience profonde. Le Dahir berbère La vision coloniale divise le pays en pôles antinomiques : Maroc utile-Maroc inutile ; Siba-Makhzen ; Arabes-Berbères. En 1914, déjà, (11 septembre), un Dahir soumet les Berbères au droit coutumier. Nulle réaction des élites à cette date. Il n'en sera pas de même en 1930. C'est à partir de la publication de ce Dahir que le nationalisme marocain reprit de sa vigueur. Lafuente: «Tant au Maroc que dans le reste du monde musulman, les années 1925-1930 ont constitué une période de fermentation intellectuelle et en 1930, toute une intelligentsia traditionnelle était prête à réagir, pour peu qu'on lui en donnât le prétexte». Ce fut le Dahir du 16 mai 1930. En 1926, est fondé à Rabat un groupe appelé Supporteurs de la vérité, par Ahmed Balafrej et à Fès un autre similaire par Allal el Fassi. Ils fusionnent en 1927 pour former la Ligue marocaine. En 1927, Ahmed Balafrej fonde à Paris l'Association des étudiants musulmans d'Afrique du Nord. Au Caire, est créée l'Association de la jeunesse musulmane. «Les Marocains prendront conscience de l'importance de la presse et de l'utilité des contacts qu'ils avaient eus, toutes choses qui leur seront nécessaires à partir de 1934, quand, le Dahir aboli, il leur faudra un autre cheval de bataille pour lutter contre le protectorat». Dans la zone Nord, la revendication nationaliste a pris très tôt son essor. Abdeslam Bennouna (1887-1935) en est une figure majeure. Il apprend, en autodidacte, l'espagnol en 1913. De 1926 à 1935, c'est le premier à amorcer le passage vers l'action politique. Le mot «réformes» va s'imposer à lui. Au protectorat, il oppose une action en plusieurs volets. 1924 : création de l'école al Ahlia. 1928 : il lance la Société d'entraide industrielle, (chargée de produire de l'électricité) ; il fonde l'imprimerie Mahdiya, qui va imprimer les journaux as-Salam, al Hayat, ar Rif , al Oumma, al Maghrib al Jadid, sans compter les livres et autres publications . Septembre 1930 : il reçoit à Tétouan le nationaliste arabe Chakib Arslan. Décembre 1933 : il fonde la Ligue des droits de l'Homme, réservée aux seuls Marocains. 1934 : 1re école primaire marocaine pour filles. La mort le fauche prématurément, le 5 janvier 1935. Une année plus tard, le 6 février, la Koutla al 'Amal al Watani fi Chamal al Maghreb, comprenant 13 membres, dont Abdelkhalek Torrès, Thami el-Ouazzani, est fondée. Elle dépose les statuts d'un nouveau parti, le 28 juin : c'est Le Parti de la réforme nationale, officiellement reconnu le 18 décembre 1936. Le Plan de réformes En août 1933, Mohamed Belhassan Ouazzani est le rédacteur en chef de l'hebdomadaire l'Action du Peuple. L'idée germe de fêter un événement proprement national (face au 14 juillet des Français). C'est le 18 novembre, date de la Fête du Trône. Le Sultan Sidi Mohammed ben Youssef visite Fès le 8 mai 1934. Il est reçu dans l' effervescence. La Résidence met fin à cette visite le 10 mai. Le numéro du 11 mai de l'Action du Peuple publie, en première page, la photo du Sultan. La revue est suspendue (le 16 mai), et les journaux al Hayat et as-Salam (Tétouan) interdits. Après l'interdiction de l'Action du Peuple, un groupe de dix nationalistes entreprend la rédaction d'un Plan de réformes.Il s'agit de démontrer à la Résidence générale que les nationalistes sont en mesure de concevoir un programme cohérent. Cette aventure débouche sur la création de la première structure politique nationale: le Comité d'action marocaine (CAM). Le Plan de réformes est remis le 1er décembre 1934, à Rabat, au Sultan et au Résident général. A Paris, il est remis au Quai d'Orsay. C'est la première manifestation officielle du CAM. Le Plan demande la stricte application du Traité de 1912. La monarchie y est décrite comme «la garante d'un consensus autour d'une terre, d'une langue, d'une religion». Le 25 octobre 1936, en présence de 90 délégués, se tiennent les assises de son premier congrès, à Rabat. Le 6 novembre, le CAM organise un meeting à Fès. Président de séance : Allal el Fassi. Le 10 novembre, à Salé, Abou Bekr Kadiri lit, devant une assistance passionnée, le texte des revendications. Mais, la réunion programmée pour le 17 à Casablanca est interdite. Allal el Fassi, Mohamed Lyazidi, Belhassan Ouazzani sont arrêtés.