Mohamed Elyazghi est au cœur d'une vive polémique. Média et politique s'échangent les rôles. Dessous d'un débat qui aurait fini dans la routine gouvernementale, si… Une vive polémique sur la procédure d'adoption du nouveau statut des agents d'autorité anime le microcosme médiatico - politique national depuis plus d'une semaine. A l'origine, une critique formulée de la part du ministre d'Etat sans portefeuille, Mohamed Elyazghi lors du conseil du gouvernement tenu jeudi 18 septembre courant. Tout a commencé quand ce dernier a pris la parole une fois l'examen des décrets relatifs à la question mis sur le tapis. Pour l'ancien Premier secrétaire de l'USFP, il y a eu violation des procédures d'adoption de la loi telles que définies par la Constitution. En clair, le dahir portant réforme du statut des agents d'autorité du 31 juillet dernier à Fès, «n'aurait pas suivi les étapes constitutionnelles», à savoir débat au sein du conseil du gouvernement, puis conseil des ministres. S'ensuivent, séance tenante, les explications du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur. L'un et l'autre ont fait référence à l'article 19 de la constitution, puis au dahir relatif à la fonction publique, portant date 1958. L'affaire aurait pu être anodine si elle n'avait pas été ébruitée. Une avalanche médiatique a pris de court les composantes de l'exécutif. D'aucuns trouvent que Mohamed Elyazghi «aurait touché aux prérogatives constitutionnelles du Roi». Faisant confusion entre un projet de loi et un dahir réglementaire, Elyazghi aurait fait peu de cas de «l'article 29 de la Constitution qui stipule Le Roi exerce, par dahir, les pouvoirs qui Lui sont expressément réservés par la Constitution». Paradoxe total Mohamed Elyazghi, de sa part a jugé prudent de faire la part des choses : selon Al Ahdath Almaghribia, citant des sources dignes de foi, le Ministre d'Etat «a tenu à expliquer au souverain le sens de sa position via un conseiller royal». Une manière pour Elyazghi de signifier que son attitude était ordinaire et ne «remet pas en cause les prérogatives du Roi». Certaines réactions médiatiques, à l'image de celle du quotidien Le matin, paru lundi 22 septembre, étaient d'une violence sans précédent ! Carrément voué aux gémonies, Elyazghi est présenté comme un homme politique qui ne connaît rien, ni en politique ni en droit. Blanchi sous le harnais, l'ancien patron de l'USFP est paradoxalement présenté en tant que novice et calculateur en voie de «récupérer son parti» dont il a perdu le contrôle depuis septembre 2007. On apprend de source porche du Ministre d'Etat, que ce dernier fera tout pour calmer le jeu. «Il est préférable pour tout le monde, note un proche «de débattre de la question avec calme». Et d'ajouter : «l'avis, selon la même source des juristes et autres hommes de sciences est de nature à faire sortir la question de la confusion». La presse de son parti, elle, n'a pas fait grand cas de l'affaire. A l'exception de deux articles, plutôt informatifs, rien n'est à signaler. Par ailleurs, il parait clair que le parti, qui a d'autres chats à fouetter en ce moment, tend à faire valoir que cette «bataille est celle de Mohamed Elyazghi». Un membre influent a confié à LGM qu'«en fait, la procédure adoptée est saine, et si on devait la critiquer, le mieux serait de la mettre sur l'agenda des réformes politiques et constitutionnelles». Autrement, entre désir et réalité, il y a un pas à observer. L'opposition qui voit dans cet épisode, du pain béni, a sauté sur l'occasion et «soutenu Mohamed Elyazghi». Paradoxe total : celui qui a payé cher le prix de ses convictions participationnistes à ce gouvernement, se voit applaudir par ses rivaux politiques. Un «honneur» que Mohamed Elyazghi ne saurait accepter. D'ailleurs, sa démarche auprès des conseillers royaux, et pour animer un débat serein en dit long sur son esprit constructif. Ce qui est sûr, également, c'est que Mohamed Elyazghi trouvera la parade pour dissiper le malentendu. ■