La morosité du marché s'explique, par la timidité des entreprises quant au renouvellement de leurs automobiles. Les banques et les sociétés de financement hésitent davantage à accorder des crédits. Les incertitudes montent en force quant à une éventuelle reprise des activités dans le secteur automobile au Maroc, en 2010. La prudence est de mise d'autant que «la crise n'a pas encore épuisé tous ses effets négatifs». C'est du moins ce qui ressort de la toute dernière note mensuelle du Centre marocain de conjoncture (CMC). Les effets combinés du recul de la demande locale (10%) et l'érosion de la demande étrangère adressée au Maroc, notamment européenne, avec les plans d'austérité lancés dernièrement en lien avec la crise grecque, corroborent les scénarios prévisionnels des conjoncturistes. Ce que l'on peut constater facilement après la reconduction des mesures anti-crise prises par le Comité de veille stratégique qui vient de tenir sa onzième réunion. Au-delà d'une perception brute des données, il faut noter qu'en matière de prévision il n'y a ni optimisme ni pessimisme comme disent d'ailleurs les prévisionnistes. Sur la foi de Ryad Mezzour, directeur général de Suzuki Maroc, la morosité du marché des ventes de voitures neuves perdure en 2010. Cette situation tient en fait, selon lui, à trois facteurs principaux. Primo, l'attentisme et la prudence des professionnels. En effet, un recul très important a été observé au niveau des investissements. «A fin juin, et s'agissant des véhicules utilitaires, les investissements ont chuté de 27% par rapport à la même période de l'année précédente. Au moment où dans le segment des véhicules particuliers, les investissements ont baissé de 2,5%», nous a-t-il détaillé. Cela veut dire tout bonnement que les entreprises demeurent «frileuses» vis-à-vis de tout acte d'investir tant que les risques ne sont pas totalement dissipés. Sans parler de celles qui connaissent déjà des difficultés au niveau de leur gestion financière, est-il souligné. En même temps, de nombreux signes indiquent encore que la reprise ne serait pas au rendez-vous. En atteste largement les ventes de voitures montées localement (CKD) qui ont enregistré un net fléchissement de l'ordre de 10% durant l'année en cours et «paradoxalement» pour la première fois comparativement aux dernières années. La morosité du marché s'explique, secundo, toujours selon Mezzour, par la timidité des entreprises quant au recours au renouvellement de leurs parcs de véhicules. Tertio, par la prudence davantage accentuée des banques et des sociétés de financement à accorder des crédits. «Comme on l'a pu constater ces derniers mois, les banquiers ont fermé leur robinets», se désole-t-il. D'autant plus que les deux tiers des ventes de voitures neuves se font par le biais de financements bancaires. Par ailleurs et concernant l'activité d'équipements automobile, les risques subsistent. Surtout lorsqu'on sait l'ampleur des contrecoups accusés par les donneurs d'ordre européens. «Le retrait des mesures de primes à la casse en 2010 n'est pas pour favoriser une reprise des ventes de voitures et donc de la production», peut-on lire dans la lettre. Et ce ne sont pas les chiffres qui manquent pour illustrer la chute des ventes dans la zone euro. Aux mois d'avril et de mai de l'année en cours, les ventes de voitures neuves ont accusé respectivement une perte sèche de 7,4% et de 9,3%, après trois mois de hausses consécutives. Parions que l'année 2011 sera l'année de reprise, comme l'a bien indiqué le CMC. Toujours est-il que le secteur de l'automobile reste fortement dépendant des autres secteurs industriels de l'économie, effet d'entraînement oblige! Bref, il n y pas consensus quant au retour de l'embellie de l'économie mondiale. Qui sait le prévisible pourrait l'emporter sur l'imprévisible. Ventes CKD Perte de 12,83% au terme du 1er semestre Au terme du premier semestre 2010, les ventes CKD ont accusé une perte de 12,83%. Ainsi, les nouvelles immatriculations ont tombé de 19.254 voitures à fin juin 2009 contre 16.784 un an plus tard. Dans le détail, c'est la marque française Citroen qui a enregistré la forte chute avec 36,78%. les livraisons de la marque aux chevrons ont passé de 1.555 unités à 983 toujours sur la même période de référence. Fait marquant : la Dacia dont les ventes ont enregistré des chiffres records ces dernières années, a vu ses écoulements baisser de 2,15% à 9.012 unités. Peugeot n'a pas, elle aussi, su tirer son épingle du jeu. La marque au lion a accusé une chute de 32% à 1.209 voitures neuves. Suivant la même tendance, les ventes de Renault ont cédé 17,31% à 5.527 unités. En revanche, Kia a réalisé un exploit. La marque sud-coréenne a vu ses livraisons bondir de 120% à 53 nouvelles immatriculations.