C'est le bilan des plaintes adressées au Centre d'assistance juridique anti-corruption depuis sa création en janvier 2009. Le Centre d'assistance juridique anti-corruption dresse le bilan d'une année d'activité. Une conférence de presse a été organisée à cet effet mardi dernier à Rabat. Mis en place en janvier 2009 par Transparency Maroc, ce centre d'écoute et d'orientation des dénonciateurs de corruption a reçu 536 plaintes contre les services publics et privés. «Ces plaintes sont liées à une sollicitation de corruption pour accéder à un service particulier, au non respect par les autorités et les administrations des procédures en vigueur, au manque de transparence dans la gestion d'une administration, aux dysfonctionnements au niveau du système judiciaire et au manque de transparence dans le secteur privé», souligne Ali Lahlou, directeur du CAJAC. Sur les 536 plaintes, le CAJAC a formulé des avis juridiques dans 289. «Les autres plaintes ne relèvent pas de notre activité. Nous avons orienté les plaigants vers les organisations pouvant leur apporter soutien. Le CAJAC ne traite que les plaintes liées à une corruption, un abus de pouvoir ou un détournement de fonds», explique Ali Lahlou. L'action du Centre d'assistance juridique anti-corruption se limite à «un avis juridique». Il assiste le plaignant dans la rédaction de la lettre à transmettre aux services publics ou privés concernés. «Dans certains cas, le CAJAC saisit les services incriminés lorsque nous croyons que notre action pourrait avoir un effet. Nous leur envoyons des correspondances avec preuves à l'appui. Nous leur demandons des éclaircissements ou les interpellons sur les cas dénoncés par les plaignants, ou encore pour demander l'ouverture d'enquêtes sur les abus ou dysfonctionnements constatés», poursuit Ali Lahlou. A ce sujet, dix correspondances ont été envoyées aux administrations concernées, toutefois, deux seulement ont répondu à leur requête. Certes le Centre d'assistance juridique anti-corruption a réussi à sensibiliser les citoyens à l'importance de dénoncer la corruption à travers ses campagnes de communication. Toutefois, la réticence persiste. «Les gens ont peur de parler, ont peur des mesures de rétorsions» a conclu Ali Lahlou. Dénonciateurs A quand une loi les protégeant ? Bien que le Maroc ait ratifié la Convention internationale des Nations-unies contre la corruption, le gouvernement marocain n'a pas encore introduit dans son système juridique une loi qui protège les personnes qui dénoncent les délits de corruption de toute poursuite judiciaire à leur encontre. Ce vide juridique est à l'origine de la réticence des gens qui ont peur de dénoncer la corruption. Malgré les campagnes de communication d'assistance juridique anti-corruption et les garanties de confidentialité, les gens restent prudents. Transparency Maroc a, à maintes fois, appelé le gouvernement à honorer ses engagements internationaux. En vain. Le fléau de la corruption continue donc à sévir dans le pays.