Et si on créait l'Ordre national des infirmiers ? C'est, en tout cas, l'une des propositions formulées par les professionnels de ce corps médical réuni, mardi 29 juin à Rabat, pour débattre du «Leadership infirmier : réalité et perspectives». La journée d'étude, organisée à l'amphithéâtre de l'hôpital d'enfants (CHU Ibn Sina), a été initiée par l'Association des infirmiers chefs et surveillant des soins en collaboration avec la direction du Centre hospitalier Ibn Sina (CHIS). Objectif : définir les moyens de développer le leadership au sein du corps infirmier. «C'est une nécessité pour répondre aux besoins actuels de santé. Les infirmiers doivent agir en tant que partenaire à part entière», déclare, à l'ouverture de la journée, la présidente de l'association, Lahouaria Ansari. Le «besoin» n'a rien à voir avec «un effet de mode appelé leadership. Il faut une organisation performante contre les problèmes actuels», affirme le secrétaire général du CHIS, Smaïl Aachati. Ayant cumulé 36 ans d'expérience dans la profession, ce dernier a été l'un des participants de référence à cette journée d'étude à laquelle a assisté un nombre impressionnant d'infirmiers. Pour Smaïl Aachati, instaurer le leadership en tant que pratique s'impose par le changement dans la pratique même des soins. Pour «suivre» au lieu de «subir», le soutien institutionnel par la mobilisation des moyens est une exigence. «Les attentes et les projets en cours nécessitent le leadership», souligne-t-il justifiant l'urgence d'«activer l'insertion du dispositif actuel de la formation de base des spécialités infirmières dans la réforme de l'enseignement supérieur». Acquérir et instaurer le leadership passe d'abord par la formation, mais aussi par le développement personnel et la motivation. Des pratiques qui font toujours défaut dans le rang des infirmiers. C'est ce que prouve, d'ailleurs, une enquête menée par l'infirmier cadre à l'hôpital Moulay Youssef (Rabat), M'barek Saddam, sous l'encadrement de Salah Ouliouel, exerçant à l'inspection générale du ministère de la Santé. Ce travail d'investigation (mémoire de fin d'étude), unique en son genre au Maroc, a été réalisé en 2008 et a concerné un échantillon de 11 infirmiers chefs. Interrogés sur les fonctions qu'ils sont appelés à assumer au sein de leurs équipes, près de 42% (la majorité) indique jouer le rôle d'«agent de liaison et d'information». Mais pour ce qui est du leadership, seuls 1% affirment en faire une pratique au même titre que la fonction de «négociateur». Quant au rôle «entrepreneur», eh bien le résultat est «0%». «Les infirmiers chefs que nous avons interrogés dénoncent les circonstances dans lesquelles ils exercent. Ils affirment affronter des blocages, qu'ils ne sont pas impliqués dans la démarche et qu'ils se retrouvent ainsi dans la gestion du quotidien, de l'urgence», explique M'barek Saddam. Et de préciser que, souvent, les infirmiers enquêtés répondaient à leurs questions par cet aveu : «Je voudrais bien, mais je ne sais pas comment ?». Formés en tant que gestionnaires, les infirmiers chefs ne sont pas, pour le moment, prêts à se transformer en leaders. La comparaison faite par l'infirmier chef de l'hôpital Moulay Youssef, Habib Karroum, montre même que les deux profils sont parfois contradictoires, notamment au point de vue relationnel. Selon Habib Karroum, le gestionnaire a pour habitude de prendre les décisions d'une manière unilatérale, alors que le second doit le faire dans un cadre consensuel par voie de consultation de l'équipe. Bref, le constat incite, à présent, à la réflexion au mode d'un changement grâce auquel les «gestionnaires» cèderont petit à petit leur place à des «leaders émergeants». L'idéal sera de combiner les deux fonctions. «L'école classique est révolue. Nous avons besoin d'un visionnaire et pas seulement d'un gestionnaire», estiment les participants. Et d'appeler à fédérer les associations professionnelles en vue de créer une force de pression auprès des décideurs pour orienter les formations. En plus de la mise à niveau de la formation, les participants appellent à l'encadrement de celle-ci dans le secteur privé. Mais le corps infirmier semble privilégier sur sa liste de revendications, l'organisation interne et nationale de cette catégorie médicale. A ce propos, il suggère également l'instauration d'un Conseil des infirmiers pour assurer la planification stratégique du secteur et un syndicat national entièrement consacré à ce corps médical. Il s'agit d'une refonte de fond en comble de toute la profession. Le leadership infirmier en sera, certainement, la locomotive. Concept Qu'est-ce que le leadership ? Le leadership Anglicisme»anglicisme répandu en français européen ainsi qu'au Québec), ou la chefferie (français québécois et africain) d'un individu est, au sein d'un groupe ou d'une collectivité, la relation de HYPERLINK «http://fr.wikipedia.org/wiki/Confiance»confiance qui s'établit entre cet individu et la majorité des membres de ce groupe ou de cette collectivité dans la poursuite d'un objectif partagé. Cette relation est temporaire (et parfois éphémère) et réciproque et même synallagmatique (le leader doit autant avoir confiance dans le groupe que la majorité du groupe a confiance en lui). Elle se manifeste par sa capacité à fédérer et à mobiliser les énergies autour d'une action collective. Elle se traduit par une élection formelle ou informelle, explicite ou implicite, au cours de laquelle la majorité des membres du groupe reconnaît un des leurs comme le leader légitime et lui délègue son pouvoir de décision (leur liberté de décider). Le leadership se manifeste dans quatre principaux domaines : la politique, les entreprises privées, l'armée et le reste, comprenant les associations, les organisations à but non lucratif, le sport ou encore la direction d'orchestre. (Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Leadership).