La France compte officiellement 5 millions d'arabo-musulmans. Une communauté de 1,5 million d'algériens, 1 million de marocains et 400.000 tunisiens. Le reste est réparti entre africains subsahariens, sénégalais et autres. À l'approche de l'Aïd, les musulmans de la République, pays de la liberté et de l'égalité se retrouvent face à un problème tout particulier. Comment obtenir un congé pour motif religieux ? Alors que certains employeurs planifient et intègrent à l'avance ces occasions religieuses, d'autres refusent toute concession et qualifient l'arrêt de travail d'absence «non justifiée». La France est l'un des signataires des deux plus importantes conventions (100 et 111) de l'Organisation mondiale du travail (OIT) sur la non-discrimination. Pourtant, le foulard y est encore mal perçu. «S'il n'y avait pas de jurisprudence, il y a longtemps que les entreprises françaises auraient interdit le port du voile», explique l'anthropologue Dounia Bouzar. Pendant le Ramadan, on conçoit mal que les collègues musulmans quittent plutôt le lieu de travail. La prière, quant à elle, n'est pas la bienvenue car elle doit se faire à la maison. Les employeurs se partagent entre partisans et opposants à la visibilité de la pratique religieuse. Certains font signer des interdictions de pratiquer la religion à leurs salariés, alors que d'autres réaménagent des locaux à cet effet. Des entreprises marocaines qui interdisent le voile Certaines entreprises marocaines, notamment dans l'offshore, interdisent le port du voile. En raison de la «gêne sonore» occasionnée, ce type de vêtements ostentatoires est «inadmissible» dans certains centres d'appels. Le travail pendant les fêtes religieuses est également irritant. Hanane, téléopératrice, explique que «les salariés d'astreinte qui ne font pas acte de présence sont considérés absents». «Vous imaginez être considéré absent le jour de l'Aïd?» demande-t-elle sur un ton moqueur. À ce stade, il n'est même plus utile de soulever la question du transport et de la sécurité pendant ces jours de fête. Pire encore, ce travail « forcé » n'est pas systématiquement rémunéré à 200% comme stipulé dans le code du travail (art : 226). Le respect du droit fondamental à l'égalité des chances et des traitements est fondé essentiellement sur la non-discrimination. Or, le comportement d'une entreprise qui défavorise ses salariés du fait de leur race, couleur, sexe ou religion, même quand ce comportement est neutre ou impersonnel, constitue une discrimination dite «indirecte». En France, entre laxisme et pratiques discriminatoires, il est souvent difficile de trouver un juste milieu sans passer pour un islamophobe ou un raciste. Au Maroc, quand la réglementation est « neutre » dans une société, elle aboutit forcément à des inégalités à l'encontre de certaines personnes ou de certains groupes. La discrimination peut alors résulter du simple fait de l'absence de pratique religieuse. À bon entendeur...