«M» for «Aime». Tel est le thème de l'exposition dont le vernissage est prévu, jeudi 13 mai, à la galerie Nadar de Casablanca. Jean Lancri est à la fois universitaire et artiste. Agrégé de l'université, docteur d'Etat ès Lettres, il a enseigné de 1980 à 1999 à l'Université Paris I-Panthéon Sorbonne, dans l'UFR des Arts plastiques et Sciences de l'art, qu'il a dirigée pendant plusieurs années. Il est actuellement professeur émérite à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne. Outre un travail spécifique comme peintre, Jean Lancri a également fait des installations comme, par exemple, celle intitulée «K ou la Chambre des métamorphoses», montrée (de 1980 à 1985), entre autres, à la Maison de la Culture d'Amiens, à la Fondation Gulbenkian de Lisbonne, au Centre Pompidou de Paris. À la galerie Nadar, l'artiste donnera une conférence, vendredi 14 mai, sur le thème : «Fantasme et fantaisie : jeux langagiers et enjeux artistiques dans le Cycle de Cheval à vélo». Et c'est jusqu'au 12 juin que l'exposition se maintient. À propos du cycle L'intitulé de cette série que Jean Lancri n'a décidément pas envie de boucler, le Cycle de Cheval à vélo, fait écho d'entrée, de cycle à vélo (son possible synonyme), de vélo (l'outil de travail) à love, son anagramme (le contenu secrètement amoureux des lettres enfouies dans ce lieu de l'inconscient qu'est la sacoche du facteur), de facteur à cheval, car si Cheval (1836-1924) était bien facteur, le facteur de Jean Lancri, lui, se prend bien plus pour un cheval que Cheval n'était sans doute disposé à se prendre pour son homonyme. Du moins convient-il de le croire pour garder son sérieux. Exercice difficile quand les mots recouvrent autant de pièges dans lesquels Jean Lancri fait tomber les images, à commencer par les masques gigognes de Cheval qui nous tient plusieurs discours comme Jean Lancri son double. D'où il apparaît que l'antique duplication entre le réel et son image se mue en un dédoublement entre l'artiste et son image, le facteur qui ne cesse de lui échapper. Et quoi de plus indiqué que le vélo pour multiplier les échappées rageuses sur des chemins qui montent ou qui tombent, mais qui -l'avez-vous remarqué dans les tableaux de Jean Lancri ?- sont rarement plats. Telle est la somme des interrogations et des allégations de François Legendre à propos de l'artiste. Parcours Des expositions collectives sont relatives à ce même «Cycle de Cheval à vélo». Elles ont débuté en 1995 avec «Disparition» (Cueco, Ernest Pignon-Ernest, Journiac, Lancri, Passeron, Roué, Salsmann), au Palais des congrès du Mans (France). En 1999, «Lancri, Roué, Salsmann» a lieu au Centre d'art contemporain de Gaillon (France) avant de poursuivre son périple artistique à l'Instituto de Arte à Porto Alegre (Brésil). «Bestiaire» (Œuvres du Frac Picardie) et «Livres d'artistes» à la galerie Toutes Latitudes s'ensuivent en 2003. La dernière exposition collective s'intitule «Images et Hommages à Paul Mayer», laquelle s'est tenue en 2008 à l'espace Paul Mayer (France). Jean Lancri, en véritable touche-à-tout, est l'auteur de deux livres : «Y et K, essai sur la peinture au risque de la lettre», Paris, Méridiens-Klincksieck, 1989 et «L'index montré du doigt» (huit plus un essai sur la surprise en peinture), Paris, L'Harmattan, 2000.