«La France et le Maroc lanceront, dès l'automne 2011, la première expérimentation d'électricité solaire du sud vers le nord de la Méditerranée». Autrement dit, le Maroc exportera son électricité solaire en France d'ici la fin de l'année. Une première en matière de transport de ce type d'énergie du sud vers le nord de la Méditerranée, annoncée mercredi dernier par Eric Besson, ministre français chargé de l'Industrie et de l'énergie, à l'ouverture du 2e Forum euro-méditerranéen de l'efficacité énergétique. L'événement, qui s'est tenu en présence du Prince régnant de Monaco, Albert II, s'est avéré être l'occasion pour le ministre d'appeler l'Union pour la Méditerranée (UpM) à conduire la «révolution» de l'économie décarbonée, pour assurer une croissance durable dans ces pays. En effet, la demande en électricité des pays du Sud et de l'Est du bassin méditerranéen devrait augmenter de 6% à l'horizon 2025. Tout un chantier... Pour éviter la crise, Besson a annoncé qu'il prévoyait de présenter au Secrétariat général de l'UPM, le 20 mai prochain, un «Pacte énergétique euro-méditerranéen». L'objectif de ce pacte serait de permettre l'accélération du financement du Plan solaire méditerranéen, pour installer 20 GW de capacités électriques nouvelles, en mobilisant les institutions multilatérales, les importations électriques des Etats de la rive nord et les investisseurs privés. C'est donc dans ce cadre que s'inscrit, selon les propos du ministre, ce projet d'échange maroco-français. Autre grande annonce de ce Forum euro-méditerranéen, le projet de centre financier international des énergies renouvelables, sur lequel planche actuellement l'Hexagone. L'idée serait, concrètement, de créer d'ici fin 2011 une plateforme publique-privée, qui soit en charge de l'identification des projets, de les analyser en fonction des critères de risques financiers, afin de les proposer aux banques et aux fonds d'investissements susceptibles de les soutenir. De nouveaux acteurs en lice Si le Maroc est le premier pays du sud de la Méditerranée à développer ce type d'échange avec la France, il ne sera pas le seul. Rappelons que le consortium MEDGRID pour un réseau transméditerranéen réunit à ce jour plus d'une vingtaine d'industriels et d'autorités de régulation marocaine, mais également égyptienne, syrienne, jordanienne en dehors des pays européens (Espagne, Italie, Allemagne, France) le ministre a ajouté que la Tunisie, l'Algérie ainsi que la Turquie ne devraient pas tarder à rejoindre le groupe «dans les prochaines semaines». Il est, en effet, question d'un accord de coopération avec DESERTEC, pour la mise en place d'un mégaprojet visant la mise en place d'un vaste réseau d'installations éoliennes et solaires dans la région MENA, pour la production de près de 15 % de l'électricité consommée en Europe. À ce titre, Eric Besson a plaidé pour l'établissement de coopérations technologiques visant à la création d'un véritable tissu industriel euro-méditerranéen des énergies renouvelables et des réseaux électriques. Le ministre français a annoncé qu'il signera prochainement, avec son homologue tunisien, Abdelaziz Rassaa, un accord pour la création à Tunis d'un Institut euro-méditerranéen de technologie (EMITEC), donnant ainsi rendez-vous à la conférence des ministres de l'Industrie de l'Union pour la Méditerranée, qui se tient aujourd'hui même à Malte.