Comment développer et protéger les innovations industrielles et commerciales ? La question réunit, depuis hier à Casablanca, plusieurs opérateurs économiques d'Afrique et d'Asie avec leurs homologues marocains. Cette séance de travail, initiée par l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), a porté un zoom sur les stratégies de protection intellectuelle (PI), dans les secteurs industriels et commercial. Mais avant de penser à protéger les droits de création, il faudrait bien sûr qu'il y ait des entreprises qui innovent. «Ces deux axes sont nécessaires et préalables à l'établissement de tout système de PI efficace, et utile à l'économie», complète Adil Maliki, président de l'Office marocain pour la propriété intellectuelle et commerciale. Côté chiffres, 16.054 marques ont été déposées en 2009. Pour les dessins et modèles industriels, 900 dossiers ont été déposés durant la même année. Une goutte d'eau dans la mer, si l'on compare ces statistiques à celles mondiales, dont une élite de trois pays (Etats-Unis, Japon et Allemagne) mobilise les 2/3 des brevets déposés. Cela n'empêche toutefois pas Adil Maliki de juger le score national de «pas mal, pour un pays de 31 millions d'habitants». L'aspect positif à retenir également de l'expérience marocaine est le fait que les entreprises prennent de plus en plus conscience de l'importance de l'innovation et de la protection de celle-ci. Ainsi, le pays se trouve à la troisième place africaine, en 2009, avec 25 demandes PCT (Patent Cooperation Treaty) enregistrées. La demande PCT est une demande de brevet international, déposée en vertu du Traité de coopération en matière de brevet, auquel le Maroc est adhérent. Crescendo... Ce chiffre correspond à une évolution de 56% du nombre de demandes PCT par rapport à 2008. Un dynamisme, que le responsable de l'OMPIC justifie, entre autres facteurs, par la mise en place depuis 6 ans, au Maroc, d'une stratégie de développement de la propriété intellectuelle. Cette stratégie se décline à travers des aspects juridiques (textes de lois), l'adhésion à des conventions et traités internationaux, et le renforcement des actions de lutte anti-contrefaçon. D'autre part, il s'agit aussi d'intégrer cette stratégie à travers les différents plans nationaux de développement sectoriel englobés par le plan Emergence. «Il a été décidé, par exemple, d'encourager le dépôt des propriétés de marques pour le secteur textile. Et les opérateurs s'y prêtent progressivement», commente Maliki. Le rôle du système de PI n'est donc plus à démontrer, face au nombre croissant d'entreprises qui ont désormais accès à des techniques de pointe et de larges éventails de sources d'informations et de services. Inciter à innover, le modèle Singapour «La R&D est l'outil majeur sur lequel l'Etat de Singapour, en Asie de l'Ouest, a forgé son développement». Ces mots sont de Jasmine Kway, directrice de la National industry liaison office (NILO) et de la National University of Singapore (NUS). Traduit dans les faits, ce choix stratégique se décline notamment à travers la mise sur pied du Science & Technology Plan. Il s'agit d'une stratégie quinquennale (2006 2010), doté d'un budget de 13,5 millions de dollars et destiné à promouvoir la R&D ciblée sur des secteurs clés, comme l'eau et l'environnement. L'accent a été surtout mis sur la commercialisation des résultats de ces recherches publiques auprès des entreprises du privé. Des mesures incitatives ont été ainsi mises en place par le gouvernement local, pour pousser les entreprises à expérimenter ces résultats et permettre aux chercheurs de bénéficier de retours sur investissements. Une second STP (2011-2015) vient d'être lancé pour renouveler l'expérience, visant une augmentation de la part de la R&D dans le PIB national, à hauteur de 3,5%, contre 3% en 2009.