Le rôle que peut désormais jouer le Maroc en Afrique n'est plus à démontrer. Il n'y a qu'à voir les multiples messages envoyés par les investisseurs publics et privés et les groupes financiers. Cette semaine, Attijariwafa bank organise le Forum régional Afrique Développement avec la présence d'invités de marque et de représentants marocains et africains des grandes institutions africaines, telles que la Banque africaine de développement, la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest, celle des Etats de l'Afrique Centrale, ou encore des partenaires stratégiques européens engagés en Afrique, tels que l'Agence française de développement. La première banque privée marocaine, après son opération de rachat avec le CIC français a récupéré une dizaine de représentations sur le continent noir. Sa présence aujourd'hui est réelle dans 17 pays africains, ce qui n'est pas une mince performance. L'ère du «bricolage» en Afrique cède la place à des actions concrètes, ciblées et très professionnelles. La présence des banques marocaines en Afrique encourage et balise le terrain aux investisseurs marocains intéressés par cette destination. Cela assure une meilleure connaissance du terrain, des réalités locales et des modes de financements disponibles. Et justement, pour mieux évaluer les potentialités et les besoins des pays subsahariens en matière d'investissement, mais aussi d'échange de savoir-faire, les prochaines semaines vont à nouveau être fortement marquées par des initiatives de conquête et de séduction de l'Afrique du business et de la politique. À la mi-mai, Maroc Export organise la 2e Caravane de l'Export, qui mènera une centaine d'hommes d'affaires marocains au Gabon, au Cameroun et en Guinée équatoriale. Sous la présidence du ministère du Commerce extérieur, plusieurs secteurs seront représentés lors de ce road show : agro-alimentaire, BTP, pharmaceutique, électrique et électronique, industries métallurgiques et mécaniques, TIC, banques... Un déplacement qui se déroule cinq mois avant la tenue du premier Africa Forum à Casablanca en octobre 2010, une réunion strictement économique. Avec une population d'un peu moins d'un milliard aujourd'hui et plus de 1,8 milliard dans 40 ans, l'Afrique attire les regards de tous les exportateurs et investisseurs. Si la croissance économique du continent ne rivalise pas avec celle de l'Asie, en revanche, elle est supérieure à celle de l'Europe ou de l'Amérique. Immense chantier du développement longtemps plombé par une image d'anarchie politique et de gabegie économique, les opérateurs internationaux redécouvrent le continent africain. Si le Maroc est l'un des premiers à retourner vers l'Afrique après s'en être désintéressé pour des raisons politiques au milieu des années 80, des pays tels que la Chine ou la Turquie y ont déployé des moyens importants. Tout comme Paris ou Londres, Pékin et Ankara tiennent désormais chaque année leur sommet annuel avec les 50 Etats africains pour faire le point sur leurs relations politiques et économiques. Nice abrite un sommet politique France-Afrique début juin avant un sommet France-Afrique pour le business à Bordeaux, le tout sous l'égide du palais de l'Elysée et du patronat français. Rude concurrence D'autres pays ne sont pas en reste sur le continent. À commencer par les nouvelles puissances politiques et économiques comme l'Inde ou le Brésil. Indéniablement, le déroulement de la prochaine Coupe du Monde de football en Afrique du Sud va fortement accentuer l'intérêt du monde des affaires pour le continent. Dans ce jeu de conquête déjà très avancé, le Maroc a déployé certains atouts. Un maillage de communications aériennes, des accords de coopération et de formation avec divers Etats africains, une proximité affichée avec des pays tels que le Sénégal, le Gabon, le Cameroun, le Niger, les deux Congo. Plus de missions d'entreprises, faire connaître l'Afrique aux Marocains et vice-versa à travers plus d'échanges professionnels et l'exploitation de compétences telles que celles d'un Omar Kabbaj, l'ancien patron marocain de la Banque africaine de développement et d'un large réseau d'hommes d'affaires marocains connaisseurs de l'Afrique. Mais le Maroc n'est pas seul dans cette course au développement africain. Un récent ouvrage paru en librairie fait le point sur l'Afrique diverse, mobile et actrice de l'économie mondiale.Le Temps de l'Afrique, c'est le titre de l'ouvrage, est écrit par l'actuel numéro 1 de l'Agence française pour le développement (AFD) Jean-Michel Severino et le chercheur Olivier Ray. Prospectif et ouvert sur les risques et les opportunités du continent, l'ouvrage s'interroge sur les moteurs de la croissance africaine, la politique agricole et la nutrition, la démocratisation, la place de l'Afrique dans la politique internationale. Des banques marocaines à Maroc Télécom, en passant par le port Tanger-Med, l'Afrique représente une forte opportunité. L'idée pour les entreprises marocaines de faire des alliances à géométrie variable avec des entreprises françaises, espagnoles ou brésiliennes pour accroître leurs parts de marché en Afrique est un pas dans la bonne direction. Partager expertise et ressources constitue déjà deux bonnes résolutions dans cette démarche.