Les médias et les milieux d'affaires espagnols ont reçu favorablement la visite ministérielle à Madrid. L'audience royale accordée à la délégation marocaine a confirmé cet intérêt croissant de nos voisins pour notre pays en tant que nouvelle destination des entreprises espagnoles, quoique le fâcheux attentat de Marrakech ait fait de l'ombre au forum économique maroco-espagnol. Il n'empêche que le bref passage de la délégation marocaine a fait des émules. Trinidad Jimenez, la ministre des Affaires étrangères n'était pas avare en déclarations faisant l'éloge de l'investissement au Maroc et de la coopération bilatérale, tous domaines confondus. La chef de la diplomatie espagnole a exprimé son souhait de voir les grandes entreprises espagnoles s'installer au Maroc et non seulement les PME. Le journal économique Finanzas a rappelé que le vœu de l'Espagne est de se convertir en premier partenaire économique et commercial du Maroc. «Ce qui implique d'évincer la France de ce poste», souligne La gazette. Les responsables espagnols se sont tous réjouis de la hausse de la balance commerciale entre les deux pays, avec un net avantage pour l'Espagne. Comme l'a expliqué Ahmed Réda Chami, le ministre de l'Industrie, il n'y a pas que la construction qui intéresse les Espagnols. Selon une étude mandatée par son département, 61% des investisseurs appartiennent au secteur industriel, suivi par le bâtiment. La chef de la diplomatie espagnole a réitéré à maintes reprises que «le royaume du Maroc constitue un marché prioritaire pour les activités entrepreneuriales espagnoles». Trinidad Jimenez a espéré que non seulement les PME espagnoles s'installent au Maroc, comme c'est déjà le cas, mais aussi les grandes entreprises espagnoles. Ces dernières ont plié bagage, selon Jimenez suite à des litiges où elles étaient sommées de s'acquitter de lourdes amendes. Après ce clin d'œil en direction des firmes espagnoles, il n'est pas surprenant de voir ses souhaits prendre forme. Il faut reconnaître que le Maroc trouve auprès de l'exécutif espagnol un allié de taille. De même, les Espagnols ont pris conscience que le Maroc peut être l'alternative à la situation de crise économique en Epagne, vues les opportunités à moindre risque qu'il offre à ses investisseurs. Mais des doutes continuent de planer dans certains esprits. Des entrepreneurs ont fait référence aux manifestations sociales au Maroc et à une éventuelle montée en puissance des mouvements de contestation syndicale. En outre, la rencontre de Madrid a été l'occasion de remettre sur le tapis le projet du tunnel du détroit. Selon Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des finances, le projet a «plus de sens que jamais» comme lien entre les deux continents dans le futur. Le ministre a ajouté que le projet doit être mené à bout dans les plus brefs délais. Pour les Espagnols comme pour les Marocains, l'Espagne devrait saisir cette opportunité pour jouer un rôle important dans la consolidation des relations économiques entre les deux continents, afin d'ouvrir le marché africain à l'Europe et d'avancer dans l'intégration économique des deux régions. Certes, l'Amérique latine reste le paradis des investisseurs espagnols et on ne devrait pas s'attendre à une ruée des hommes d'affaires ibères incessamment, mais tout porte à croire que nos voisins sont prêts à se laisser séduire par la destination du Sud pour des raisons de coûts. Dans cette même veine, la nouvelle organisation des industriels du textile Texfor a annoncé vendredi qu'elle est à pied d'œuvre pour implanter une nouvelle structure commerciale au Maroc, afin d'intensifier les relations entre les fabricants de tissus espagnols et les confectionneurs marocains. Dans une déclaration du patron de la Texfor à Europa Press, Alejandro Laquidain a souligné que l'objectif de cette nouvelle structure, laquelle a vu le jour début 2011, est d'impulser la création de plateformes commerciales qui facilitent la confection de vêtements à base de tissu espagnol, prêts à être écoulés sur l'ensemble du marché européen. Le patron a ajouté que le souhait de la confédération est de répéter le succès de la Chine. À une différence prés, puisque le marché marocain est mieux connu, plus proche et facilitera la croissance de l'économie espagnole. Alejandro Laquidain a ajouté que le Maroc pourrait se convertir en l'un des principaux fournisseurs des grands confectionneurs mondiaux. En revanche, le textilien a estimé que les autorités marocaines sont encore protectionnistes, ce qui rend difficile l'exportation espagnole. Le patron des textiliens a souligné que seuls la production de qualité et le design de prestige seront rapatriés au Maroc de la Chine. Texfor regroupe un total de 2.490 entreprises espagnoles du secteur du textile.