C'est un précédent qui force le respect, et qui mérite donc d'être salué. «Plus de 99% des professionnels du tourisme ont spontanément mis en place des mesures appropriées pour chaque cas», se félicite Othman Chérif Alami, président de la FNT, faisant référence aux milliers de touristes bloqués au Maroc, suite à l'éruption volcanique de l'Ejafjol. En effet, les professionnels de l'hôtellerie, du transport terrestre et aérien ainsi que tous ceux dont l'activité touche de près ou de loin au tourisme se sont mobilisés pour gérer les flux de touristes dont la situation virait au cauchemar humanitaire, étant donné que la plupart d'entre eux ont été «lâchés» par les prestataires, TO comme compagnies aériennes, suite à la paralysie du trafic aérien en Europe. Côté marocain, le plan d'urgence mis en place a été décliné en plusieurs volets. Au niveau de l'hébergement, des réductions sur les tarifs publics de l'ordre de 50 à 70% ont été consenties. Quant aux touristes sans ressources (et oui, ça existe !), des solutions alternatives d'hébergement leur ont été proposées, notamment sous forme d'hébergement gratuit dans les Centres d'œuvres sociales. Certains hôtels classés de Fès et Marrakech ont même proposé des quotas de chambres gratuites ! «Il y avait beaucoup de spontanéité dans cette démarche solidaire, mais de la spontanéité organisée», témoigne Ali Ghannam, président de la FNIH. En effet, un suivi a été assuré sur le terrain par les Conseils régionaux du tourisme et les Associations régionales du tourisme, dans le but de coordonner les différentes actions menées et de disposer ainsi d'une vue d'ensemble. En plus de l'hébergement, un effort conséquent a été fait par les transporteurs via la FNT, ce qui a permis de mettre à disposition des TO et des touristes des cars à des prix préférentiels. Quant au transport aérien, une organisation sans précédent a été mise en place grâce à une stratégie qui repose sur deux piliers : l'accroissement des fréquences et la concentration de celles-ci sur les aéroports du sud de la France, pays d'origine de la majorité des «réfugiés touristiques». La RAM met les bouchées doubles Ce qui a permis le rapatriement des passagers à un rythme quasi exponentiel. Exemple concret : le 19 avril, 50 vols supplémentaires ont été programmés sur ces destinations, permettant ainsi de transporter 40.000 passagers. Deux jours plus tard, le 21 avril, ce ne sont pas moins de 80 vols qui ont été aassurés, assurant ainsi le rapatriement de 100.000 passagers. «Nous avons même «sauvé» les clients d'autres compagnies aériennes», se flatte Abderrafie Zouiten, DGA de la RAM. Cette mobilisation a aussi opéré dans l'autre sens, la RAM ayant assuré le rapatriement au Maroc de citoyens marocains et sub-sahariens bloqués en Europe. Pour ces derniers, dont une grande majorité était en escale en Europe vers les Etats-Unis, un effort supplémentaire a été fourni : 40% de sièges supplémentaires ont été programmés sur les vols à destination de New-York. «La RAM a mobilisé ses moyens sans considérations d'équilibre ou de rentabilité financière», se félicite encore une fois Chérif Alami. Un élan de générosité qui a toutes les chances de rester dans les annales. Pour s'en assurer, un plan de communication d'un budget de 50 millions de DH a été mis en place conjointement par la FNT et l'ONMT, et ce à destination des professionnels étrangers du tourisme. Toutefois, on ne peut s'empêcher d'avoir une pensée pour les professionnels nationaux qui ont également fait les frais de l'éruption volcanique islandaise. Les différentes régions touristiques du Royaume ont en effet annoncé une perte de 20 à 30% de leur CA. En valeur, les professionnels marocains estiment le manque à gagner entre 110 et 140 MDH par jour.