L'Islande est connue pour ses geysers. Mais ces jours-ci, un volcan leur a volé cette fois la vedette. Située sous le glacier d'Eyjafjallajokull, l'éruption dure depuis la mi-mars. Mais ce n'est que depuis jeudi dernier qu'elle dérange... l'économie internationale. Les perturbations aériennes dans le ciel européen provoquées par le nuage de cendres ont eu des répercussions jusqu'en Asie, où encore aujourd'hui les hôtels sont bondés de passagers bloqués. Les pertes journalières du secteur de l'aviation s'élèvent à plus de 200 millions de dollars. 17.000 sur les 28.000 avions en Europe sont restés cloués au sol, affectant des centaines de milliers de passagers. Annulations en cascade Les spécialistes du transport aérien sont formels : la fermeture en cascade des différents espaces aériens nationaux est une situation inédite au moins depuis les attentats du 11-Septembre 2001 aux Etats-Unis, voire depuis 1945. Des milliers de vols ont été annulés et bien d'autres le seront dans les heures qui viennent. En France, plombée par la grève des centres de contrôle, une réunion organisée par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) avait permis, vendredi en début de matinée, d'accroître l'interdiction des vols. L'annulation de dizaines de vols de Sydney à Tokyo va coûter des millions de dollars aux compagnies aériennes et des notes astronomiques d'hôtel. À Singapour, où transitent de nombreux passagers souhaitant se rendre en Europe, 22 vols ont été annulés tôt samedi, a indiqué à Reuters Ivan Tan, porte-parole de l'aéroport de Changi. Plus de 40 vols ont été annulés depuis le début des perturbations. «Nous ne savons pas où aller», confie un ressortissant allemand, «tous les hôtels de Singapour sont complets». Singapour Airlines finance deux nuits d'hôtel pour un montant maximum de 300 dollars par nuit et par personne, selon un prospectus distribué aux passagers. Pas de nouvelles réservations Cathay Pacific a annulé, depuis jeudi dernier, 29 vols jusqu'à présent et a indiqué qu'elle n'acceptait plus de nouvelles réservations vers Londres, Paris, Francfort et Amsterdam pour les prochains jours. «Pour certains passagers, qui sont déjà enregistrés, nous leur fournissons un logement», a précisé une porte-parole de la compagnie. En Inde, au moins 70 vols, la plupart en direction de destinations européennes, ont été annulés vendredi. Les autorités ont déclaré qu'elles examinaient des annulations du même ordre ce week-end. L'Association internationale du transport aérien (IATA) estime à plus de 200 millions de dollars par jour le coût de ces perturbations pour les compagnies aériennes. Des journaux chinois font état de longues files d'attente à l'aéroport de Pékin alors que les passagers tentent de changer leur billet et que les compagnies bataillent pour trouver suffisamment de chambres d'hôtel pour leurs clients bloqués dans la ville. Persistance à durée indéterminée Les nuages volcaniques sont redoutés par les pilotes d'avion, dont les réacteurs peuvent être endommagés ou même bloqués par les dépôts solides qu'y forment, en fondant sous l'effet de la chaleur intense, les matières en suspension. En 1982, un avion de Singapore Airlines avait temporairement perdu l'usage de ses deux moteurs, en traversant un nuage de cendres au-dessus de l'Indonésie, avant de réussir à se poser. Jusqu'à quand la menace planera-t-elle dans les airs ? Tant que le volcan restera en éruption. «On ne peut pas dire combien de temps elle va durer, indique un géophysicien islandais. Mais si l'on en juge par son intensité, cela pourrait durer longtemps».