Peu de visibilité zéro pour le deuxième opérateur télécoms du pays. Méditel retient son souffler en attendant de connaître l'identité du nouvel entrant dans son actionnariat. Depuis le 1er septembre 2009 (rachat des parts de Telefonica et Portugal Telecom), les rumeurs vont bon train quant à l'identité du nouvel entrant. «Nous en sommes à notre quatrième démenti !», indique le directeur général de Méditel. «Evidemment, nous sommes constamment sollicités par beaucoup d'opérateurs étrangers. Mais aucun contrat n'a encore été conclu», ajoute Mohamed Elmandjra, qui présentait hier les résultats 2009 du groupe. Un événement tant attendu par les observateurs. Mais ceux qui prévoyaient de grandes annonces ont été déçus. Même par rapport aux résultats eux-mêmes. Car, mise à part l'évolution du chiffre d'affaires et du cash flow, le top management n'a pas révélé de chiffres relatifs au résultat net, ni à l'Ebitda, encore moins au revenu moyen par client (Arpu). Mais globalement, et selon les chiffres fournis, l'opérateur réalise des percées assez appréciables sur le segment entreprises, notamment le fixe (49%) pour l'entreprise et des établissements administratifs. Il n'en demeure pas moins que l'arbre des abonnés cache la forêt des revenus, non dévoilés par le top management, mais «maigres» selon des sources internes. En effet, en l'absence de chiffres dans ce sens, il est question d'un déséquilibre flagrant entre le parc des abonnés et les recettes de l'opérateur. Baisse importante du CA à l'international «Malgré le changement d'actionnariat qui peut créer une instabilité, on a pu réaliser des performances louables», souligne Elmandjra. Ainsi à fin 2009, Méditel a enregistré une croissance de 2,2% de son chiffre d'affaires, par rapport à l'année 2008. Il s'est établi à 5,4 milliards de DH. Le chiffre d'affaires national a crû de 5,8%, tandis le CA à l'international a baissé de 10,9%, à cause de la crise. «Tant qu'il y a crise dans les pays où les MRE sont présents, il va y avoir une répercussion sur notre secteur», explique le top management de Méditel. En septembre dernier, l'opérateur avait annoncé que l'activité roaming était en baisse. Pour ce qui est du cash flow opérationnel, il a enregistré une croissance de 62% par rapport à 2008, s'établissant à 1,2 milliard de DH. La dette de l'opérateur a, pour sa part, baissé de 1,5 milliard de DH.Le parc client mobile a, quant à lui, progressé de 21% par rapport à 2008 en s'établissant à 9,5 millions, portant la part de marché de Méditel à 37,3%, en progression de 2,5% par rapport à fin 2008. «Cette performance s'explique par l'effort de promotion engagé par l'opérateur, surtout sur le segment du mobile prépayé», affirme-t-on. A en croire Mohamed Elmandjra, les différents segments stratégiques qui ont constitué la base de croissance de Méditel en 2009 ont «bien réagi» et enregistré des taux de croissance «significatifs». Ainsi, l'Internet 3G a connu une croissance de 179% au niveau du parc client et de 120% au niveau des revenus générés. Le post-payé a progressé de 27% au niveau du nombre de clients et plus de 7% au niveau des revenus générés. Selon un observateur, ces résultats 2009 pèseront lourd dans la valorisation de l'entreprise, qui attire encore la convoitise des opérateurs du Golfe. Une «réglementation contraignante» Globalement, les résultats 2009 de Méditel ont évolué dans un environnement marqué par un ralentissement de la croissance du marché national des télécoms, un environnement réglementaire contraignant (attentisme par rapport à la note d'orientation du secteur à l'horizon 2013). Par contrainte réglementaire, Elmandjra a voulu titiller l'Agence nationale de réglementation des télécoms (ANRT). Le régulateur du marché national des télécoms ne devrait pas, selon lui, valider les offres de détail. L'ANRT valide au préalable toute offre avant son lancement sur le marché. «Cela est contraignant sur le plan mécanique. Le marché des télécoms est très rapide. C'est une réalité assez atypique», indique-t-il. Pour lui, partout dans le monde, le régulateur d'un marché des télécoms ne valide pas les offres de détails, il se contente de tracer les orientations générales. Interpellé quant à l'offre GSM de Wana Corporate (facturation à la seconde), la réponse du top management de Méditel ressemblait à celle fournie par le patron de Maroc Telecom en février dernier : c'est le consommateur final qui décidera. «Chaque opérateur a son propre positionnement. On ne répond pas à chaque offre lancée par le concurrent», se contente-t-il de dire.