«Les hébergeurs marocains restent plus chers que les étrangers», reproche un patron d'une société de développement informatique basée à Casablanca. «Si on est plus chers que les hébergeurs étrangers, c'est que les serveurs nous coûtent plus cher», répond-t-on du côté de MTDS, l'un des leaders du secteur de l'hébergement au Maroc. Cette activité est de plus en plus concurrentielle eu égard à la floraison des sociétés qui offrent ce service dans le royaume. MTDS, Maroc Host, Wana Corporate et surtout lttisalat Al-Maghrib sont les quatre plus grands opérateurs du secteur. Il en existe aussi des dizaines d'autres, même si pour la plupart «ils ne font que revendre des hébergements pour le compte de sociétés étrangères», comme l'explique notre source qui a choisi de s'orienter directement vers un hébergeur américain. Il motive son choix : «Outre la différence de prix avec les étrangers, c'est surtout la qualité de service qui fait défaut aux opérateurs marocains». Lenteur, problèmes d'e-mails et service client défaillant sont, en effet, les principales doléances des clients marocains. Surtout quand on sait que les leaders mondiaux de l'hébergement ont pour principal argument commercial «Notre métier, c'est le service client». «La plupart des retards dans la résolution des problèmes de nos clients viennent du fait que nous devions attendre l'intervention des techniciens sur les serveurs qui se trouvent à l'étranger», se défend un membre du staff de Maroc Host. Chez MTDS on va plus loin : «Nous avons instauré un système de tickets, pour suivre les requêtes de nos clients, et nous informons ces derniers du temps requis pour la résolution du problème». Services à bas prix Toutefois, les choses sont quelque peu différentes pour cette société, puisqu'elle fait partie des rares hébergeurs au Maroc qui bénéficient d'un Data Center en propre. La plupart louent des serveurs à l'étranger, et certains d'entre eux envisagent de plus en plus sérieusement de mettre en place leur propre ferme de serveurs. «C'est incontournable, s'ils veulent se développer», nous assure notre source. À l'étranger, c'est une chose entendue d'autant que ces Data Center peuvent aussi servir à mettre en place une offre d'externalisation des données pour les entreprises. À l'international, les acteurs les plus importants du domaine sont le français OVH, les américains Dream Host et Go Daddy qui font dans l'offre grand public et Rackspace pour le haut de gamme. Ces sociétés ont développé de nouveaux modes d'hébergement, notamment le Cloud Hosting. Au Maroc, la tendance est à des solutions économiques. Entendez par là des solutions qui ont pour but d'offrir un service à bas prix. La solution la plus prisée en la matière est l'hébergement mutualisé qui «permet une facturation avantageuse, mais cela se fait au détriment de la qualité encore une fois. Cette solution a pour principale caractéristique d'être partagée par plusieurs utilisateurs». En fait, c'est une architecture adaptée pour des sites d'importance et d'audience faible ou moyenne, ne sollicitant que ponctuellement les ressources du ou des serveurs servant à l'hébergement. Elle peut donc poser un problème d'allocation de ressources pour certains utilisateurs qui auront tout intérêt à choisir une autre formule qui convient mieux à leurs besoins. D'autres y verront un luxe qui leur permet d'héberger leur site à moindre coût, comme les associations. «Pour les associations nous proposons des offres à 600 dirhams par an, alors que pour les entreprises les offres commencent à partir de 1.400 dirhams par an», argue-t-on du côté de MTDS qui se veut aussi une entreprise citoyenne. Le client doit donc bien appréhender son besoin pour savoir pour quelle formule opter et surtout s'il doit chercher un hébergeur à l'étranger, en attendant que les opérateurs marocains se mettent au diapason. Maître du «.ma» À l'origine, c'était l'Ecole Mohammadia des ingénieurs qui administrait le domaine «.ma». Elle était ainsi considérée comme l'interlocuteur principal au niveau des instances internationales. Cette gestion a ensuite été confiée à l'Office national des postes et télécommunications en 1995 vu que c'était le seul opérateur jugé techniquement apte à l'époque. Maroc Telecom en a donc hérité, à la dissolution de l'office. Depuis, l'opérateur historique n'a jamais perdu cette charge malgré la contestation d'autres opérateurs qui y voient un conflit d'intérêts. «Maroc Telecom facture un nom de domaine «.ma» 100 dirhams par an que ce soit à un client direct ou à nous les hébergeurs. Cela implique que nous sommes logiquement plus chers», nous explique un hébergeur qui nuance : «Nous sommes certes plus chers, mais en cas de problème nous le résolvons beaucoup plus vite que l'opérateur historique».