Un «sac-grenade» sur l'épaule, des baisers de main ou de pied entre femmes, des rondeurs féminines à portée d'œil. Les photographies en très gros plan, d'autres plus petites, capturent un harem composite pour évoquer de manière métaphorique tellement de questions : la mort, le sexe, la vie et d'autres plutôt d'ordre politique. Le choix de Majida Khattari est vaillamment fait : s'inspirer de la représentation de la femme dans la peinture orientaliste. Ainsi, c'est depuis mardi 9 mars que ses grands plans et autres petits enjolivent les cimaises de l'Atelier 21 à Casablanca, galerie volontairement réceptive aux artistes contemporains, utilisant de nouveaux médiums. «Orientalisme», quand tu nous tiens Composition, thèmes et décoration sont de couleur nacre, qui sur fond noir, évoquent des secrets de femmes, habillées de tenues coloriées et baignées dans une ambiance orientale d'antan. L'ensemble puise son inspiration de la peinture orientaliste et la recadre suivant une scénographie, qui même moderne, maintient tant bien que mal les poses des célèbres tableaux dans ce même registre.La mariée du lac, La tour du lac, Mandolines, Dentelle, Talisman... sont toutes des captures d'extérieurs hautement «mises en scène», parfois même à outrance, pour ne laisser aucune place à la spontanéité vitale de la photographie. «Je me suis posé la question de l'accessibilité de mon travail par les gens de ma culture. Ce qui m'a logiquement menée à abandonner la peinture au profit de la photographie et surtout des défilés performance». C'est ainsi que Majida Khattari détaille son travail. Si elle a abandonné la peinture orientaliste, elle choisit et dispose du moins de matières et accessoires lui faisant amplement référence. Costumes, turbans, étoffes, laines, ceintures de mariées, tapis, sabre ne font pas dans l'intimité et appellent ouvertement au désir. «Le travail de l'artiste est sans aucun doute intéressant», avoue, sans détailler, Leila Ghandi, photographe et écrivaine. Nada Naami, commissaire d'exposition à la Villa des arts, admet quant à elle sa fascination pour les grands plans et surtout pour leur côté baroque. Bio express Née en 1966 à Erfoud, Majida Khattari fait ses études à l'Ecole des beaux-arts de Casablanca, puis à l'Ecole des beaux-arts de Paris, où elle vit et travaille actuellement. Depuis 1996, la photographe crée des défilés-performance, inspirés de la situation de la femme. En parallèle, l'artiste réalise des photographies, des installations vidéo et des films. Son travail a été montré entre autres au Musée d'art moderne d'Oxford, à l'Institut des arts visuels INIVA, (Londres), au Musée E. Delacroix et à l'ENSBA (Paris), au Setagaya Art Museum (Tokyo), à la Kunsthalle (Düsseldorf), à la Tate Gallery (Liverpool), et au Guggenheim Museum Soho (New York).