C'est fait. L'Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE) vient de boucler la boucle. Hier, à Rabat, les responsables de cette structure chargée, entre autres, de la mise en œuvre du programme national d'efficacité énergétique dans le bâtiment— lui-même étant un aspect de la politique énergétique gouvernementale lancée en 2009—, ont présenté leurs résultats à l'issue d'une année de concertations nationales sur les éléments techniques que devrait composer le projet de Réglementation thermique du bâtiment (RTB). L'idée est en effet de définir une feuille de route technique, afin d'ouvrir la voie vers une concrétisation de l'efficacité énergétique dans les bâtiments tertiaires et résidentiels. «Cette concrétisation se fera notamment à travers la promulgation de cette réglementation, dont le texte est actuellement en discussion au Parlement et qui devrait voir le jour en fin 2013», explique Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des mines et de l'environnement. Trois éléments Ces éléments techniques s'articulent, plus précisément, sur trois grands axes. Le premier porte sur la réalisation du zonage climatique du pays. Il s'agit en effet de déterminer, dans chacune des six régions pilotes du royaume, les critères thermiques et climatologiques qui les caractérisent. «Ce travail a été réalisé en collaboration avec la Direction de la météorologie nationale et l'appui d'une expertise internationale», nous confie Saïd Mouline, directeur de l'Aderee. Le deuxième élément phare issu de ces concertations est l'établissement de spécifications techniques pour mesurer l'efficacité énergétique dans les bâtiments visés, sur la base du zonage réalisé préalablement. Last but not least, le troisième axe à retenir porte sur l'évaluation des impacts socioéconomiques qui pourraient découler de la future application de la réglementation. «L'objectif ici est de vérifier la faisabilité économique de la réglementation thermique, par rapport à différents acteurs du secteur du bâtiment», conclut le directeur de l'Aderee. Le défi du coût Cet aspect est d'ailleurs l'un des plus importants du programme, pour la simple et unique raison que la question du coût peut être un élément bloquant à la réussite de la généralisation de la construction durable. «Habiter propre» coûte en effet très cher. «Ce surcoût d'investissement est aujourd'hui estimé à une moyenne de 112 DH/m2, soit en moyenne 3,2% du coût moyen de construction», explique Mohamed Berdaï, responsable de projet au sein de l'Aderee. Consciente de tout cela, l'agence que dirige ce dernier a vite pris les devants. L'idée est de montrer l'exemple, en développant des projets pilotes dont le surcoût sera largement subventionné par un fonds d'un montant de 10 millions d'euros, octroyé par l'UE. Pour rappel, le secteur du bâtiment est le 1er consommateur d'énergie avec une part de 36% de la consommation totale du royaume, dont 29% réservée au segment du tertiaire. Cette consommation est appelée à se développer. L'objectif du programme piloté par l'Aderee est de réaliser une économie finale d'énergie d'environ 1,22 Mtep (mégatonne d'équivalent pétrole, soit 1.000.000 tep), à l'horizon 2020. Le défi est lancé.