D'abord, je vous rassure : je ne suis pas un cinglé. Du moins, je l'espère. En tout cas, ce qui me donne de l'espoir, c'est que, statistiquement, j'ai une chance sur 2 de ne pas l'être. Et, bien entendu, j'ai un risque sur 2 de l'être. Et comme aurait dit l'autre, qui, d'ailleurs, devait sûrement être un taré, «l'être ou ne pas l'être, là est vraiment la question». En effet, si j'en crois un article que j'ai lu de bon matin, un Marocain sur 2 serait... comment dire... un peu dérangé. Enfin, ce n'était pas écrit comme ça. Notre confrère avait choisi un titre un peu plus... médical : «La moitié des Marocains souffrent de maladies mentales...». C'est fou, hein ? Et attendez ! Je n'ai pas fini : «... et refuse de l'admettre ». Tout est dit. Il faut dire que je m'en doutais un peu. Je m'étais toujours dit, en les voyant à l'œuvre, qu'ils étaient tous fous, ces Marocains ! Bien sûr, je disais ça pour rigoler. N'étant pas psy, mon diagnostic ne pouvait pas être scientifique. Mais, voyez-vous, je n'étais pas très loin de la réalité. En réalité, comme vous pouvez le constater, je n'avais tort qu'à moitié. Blague à part, c'est quand même dingue cette histoire ! Vous imaginez ? Vous sortez dans la rue, vous regardez les passants, les automobilistes, les marchands ambulants, les cireurs, les mendiants... les... j'ai oublié quelqu'un ?... oui, les gardiens, bref, tout le monde quoi, et vous vous dites qu'une personne sur 2 parmi ces gens, n'est pas tout à fait normale. Bon, n'ayons pas peur des mots : une personne sur 2 est atteinte d'une maladie mentale. C'est vrai, ça ne se voit pas du premier coup, mais c'est normal puisque, comme on vous l'a indiqué plus haut, elle ne veut pas l'admettre. Alors, c'est là où ça devient un peu compliqué. Je m'explique. D'abord, je reprends : vous êtes dans la rue, enfin, vous pensez être dans la rue, mais en fait, vous êtes dans un hôpital psychiatrique, disons, un semi- hôpital psychiatrique puisque seuls 50 % des malades sont de vrais malades, et les autres... je ne sais pas ... ils ne le sont pas encore. Rien qu'à y penser, j'en deviens dingue. Ceci dit, maintenant que j'y pense, il y a des fois où on a vraiment affaire à des fous de première. Tenez ! Je vais vous raconter une petite histoire et je vous assure qu'elle est authentique. Il y a 3 ou 4 jours, j'étais arrêté à un croisement à Casablanca. Le feu vert s'allume, je m'apprête à redémarrer, et là, je vois en face de moi une voiture avec une dame au volant, qui m'a paru jolie, et qui me fait un appel de phares. J'ai cru au départ qu'elle m'avait trouvé sympa et qu'elle me faisait... un petit clin d'œil. Mais, j'ai très vite compris en voyant son clignotant clignoter, qu'elle voulait tout simplement que je lui cède le passage pour qu'elle puisse tourner à gauche. Rien d'anormal, me diriez-vous. Il y avait juste un tout petit problème : elle n'avait pas, justement, le droit de tourner à gauche. Et c'est la raison pour laquelle j'ai fait ce que je fais souvent dans ces cas-là, à tort ou à raison, c'est à vous de juger : je lui ai fait, à mon tout un appel de phares qui était, dans mon cas, un rappel à l'ordre, et je lui ai bloqué le passage. Arrivée à mon niveau, j'ai pu confirmer qu'elle était, effectivement, jolie, très jolie, très moderne aussi, mais seulement en apparence, car, elle me lança tout de go et méchamment : «Pourquoi tu me bloques ?». Et avant même que je puisse ouvrir la bouche, elle ajouta, méprisante, l'index bien fixé sur la tempe : «Toi, ça ne va pas la tête !». Et elle démarra en trombe, me laissant au beau milieu du rond-point comme... un fou. Je crois que notre confrère a bien raison : un Marocain sur 2 est un taré. Mais, malgré tout, j'ai du mal à l'admettre....