L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a mis en ligne, il y a quelques jours, une nouvelle base de données qui renseigne sur les inégalités entre les hommes et les femmes en matière d'accès à la terre. Baptisée «Genre et droit à la terre», cette base recueille des informations sur 78 pays, dont le Maroc. Notre secteur agricole absorbe en effet 92% des femmes actives, dont 32% ont moins de 19 ans. Joint par Les Echos quotidien, André Hupin, représentant de la FAO au Maroc, est revenu sur le lien entre le genre et le développement économique. «Les disparités entre hommes et femmes en matière d'accès à la terre -et aux moyens de production en général- sont une préoccupation majeure de la FAO. Ces disparités empêchent une grande partie de la population d'assurer sa sécurité alimentaire et celle de sa famille, et de contribuer ainsi pleinement au développement économique de son pays», a-t-il expliqué. C'est en effet l'une des principales pierres d'achoppement du développement rural. Dans une bonne partie du monde et le Maroc n'y fait malheureusement pas défaut, les femmes viennent loin derrière les hommes quant à la propriété des terres agricoles et des revenus qui en proviennent. Pour la FAO, cette disparité hommes-femmes affecterait même la sécurité alimentaire nationale. Des traditions qui pèsent lourd Sur la vingtaine de pages consacrées au Maroc, c'est la question du droit foncier, à travers les mécanismes d'héritage, qui est pointée du doigt. Sans compter les pratiques, qui malgré la loi, sont souvent discriminatoires vis-à-vis de la femme. Le système foncier marocain est en effet marqué par deux régimes parallèles : les pratiques ancestrales foncières, inspirées du droit musulman, et l'immatriculation foncière, instaurée à partir de 1913, et caractérisée par l'inscription au livre foncier. Mais même si la loi marocaine reconnaît à la femme le droit d'hériter, la réalité quotidienne est autre. La coutume voudrait en effet que cette dernière renonce le plus souvent à la part de la terre qui lui revient au profit des frères du défunt, afin d'éviter qu'un étranger ne puisse prétendre au patrimoine familial. Ou au profit du fils pour assurer la continuité de la lignée. L'approche genre tend cependant à se développer au Maroc. Un plan d'action pour l'intégration de l'approche genre dans les politiques, programmes et projets de développement agricole et rural est en cours d'élaboration. L'un des objectifs de ce plan est d'améliorer l'accès des femmes aux facteurs de production, dont la terre. Le ministère de l'Intérieur a également reconnu récemment le droit aux femmes soulaliyates de bénéficier, au même titre que les hommes, des prochaines opérations de cessions des terres collectives.