Ce n'est point l'artiste des grandes affiches. Et pourtant, il est loin d'être inconnu. Certains l'ont découvert il y a quelques années avec la sitcom «Chanily TV» de Hassan El Fed, d'autres au cinéma en 2000, lorsqu'il avait participé au long métrage de Hassan Ben Jelloun «Les lèvres du silence», ou encore à la télévision à travers plusieurs productions nationales. «Cela fait plus de 15 ans que je suis sur la scène artistique nationale. Je n'ai jamais voulu brûler les étapes», nous confie l'acteur marocain Tarik Bakhari. On avait été immédiatement surpris par sa personnalité lors d'une première rencontre en marge de l'avant-première du film «Opération Casablanca» de Laurent Nègre. Tarik Bakhari, qui tient pour la première fois le rôle principal dans une production étrangère, est tout le contraire de l'artiste énumérant la liste de ses prix, évoquant ses réalisations... Plutôt réservé, le jeune comédien préfère recueillir les avis du public sur le film. «Personnellement, je suis satisfait du résultat. Le film est original. Mais, ne me demandez surtout pas si je suis satisfait de mon interprétation. Je ne le suis jamais. Je pense que je peux toujours mieux faire», tient à préciser l'acteur. Plébiscité par les cinéastes marocains mais aussi étrangers, Tarik Bakhari est persuadé qu'«Opération Casablanca» constitue un tournant dans son parcours. «Ce film a été projeté dans plusieurs villes mondiales, notamment au Caire, à Téhéran, à Sao Paulo... Il a été également projeté en Suisse, où de nombreuses personnes l'ont apprécié. D'ailleurs, j'ai été approché par des cinéastes européens qui m'ont proposé des rôles dans leurs films. Par ailleurs, il y a un projet avec le réalisateur d'Opération Casablanca qui va se concrétiser bientôt. Vous savez, j'aime bien travailler avec ce cinéaste. Il est vraiment professionnel», ajoute le jeune acteur. Modeste et talentueux La célébrité, pourtant, n'est pas son obsession. Du théâtre, son premier amour, Tarik aime d'abord les coulisses. Pas de course aux castings, pas de rêves de devenir une star dès les premières années... «Après avoir terminé mes études d'art dramatique au Conservatoire de Casablanca, sous la direction de Mohamed Saïd Afifi, j'ai eu l'occasion de travailler avec le grand Tayeb Saddiki. C'était une expérience très enrichissante pour moi. Vous savez, je n'ai jamais rien calculé. Plusieurs choses ont été réalisées dans ma vie par hasard». C'est le hasard, d'ailleurs, qui a fait que ce jeune acteur talentueux participe au long métrage «Les lèvres du silence». «C'était ma première participation dans une fiction. À l'époque, je n'avais aucune idée sur le casting, le cinéma, la caméra, les effets spéciaux... Ben Jelloun m'a donné l'occasion de découvrir la magie du 7e art». Ambitieux et surtout prêt à aller de l'avant, Tarik récidive, quelques années plus tard, en participant au téléfilm de Adil Fadili «En attendant action». «J'ai travaillé avec Aziz Fadili (ndlr : père de Adil Fadili) en tant que marionnettiste et c'est là que j'ai fait la rencontre de Adil, qui m'a offert une occasion en or, celle de participer à un téléfilm et surtout de devenir populaire chez le grand public». Toutefois, il a fallu attendra quelques années, pour que le jeune Casablancais rencontre le grand succès. Ami de l'humoriste Hassan El Fed, Tarik joue l'un des rôles principaux de la série «Chanily TV». Faisant partie de la cellule d'écriture de la même série, il a réussi avec l'équipe de ce programme phare à drainer un grand nombre de téléspectateurs. «C'était vraiment un moment inoubliable. Notre équipe était gagnante et l'émission a fait l'unanimité dès les premiers épisodes. C'est une expérience qui m'a marqué». Mais avant «Chanily TV», Tarik avait collaboré avec Hassan El Fed dans le cadre de plusieurs productions télévisuelles et théâtrales. C'est ainsi qu'il a coécrit, entre autres, le scénario de «BBC» et «Café avec Hassan». «Au-delà du côté professionnel, une relation humaine me lie à Hassan El Fed. Tout au long de notre collaboration qui date de plusieurs années, nous avons appris à nous compléter», affirme le comédien. Des expériences dans le registre «humoristique» qui n'ont pas du tout poussé Tarik à réaliser son propre spectacle. «Je ne pense pas que je suis prêt à entamer cette aventure. Ce n'est pas parce que bon nombre d'artistes marocains ont décidé de faire leur «one man show» que je le ferai moi aussi. Je ne raisonne pas du tout de cette façon». Un féru de Charlie Chaplin Mieux, Tarik qui sait très bien ce qu'il veut, réfute catégoriquement l'idée de passer derrière la caméra. «Nous ne sommes pas des moutons. Il faut que chacun de nous soit convaincu de ce qu'il fait. En plus, je pense que nous avons assez de réalisateurs. Ce qui nous manque, c'est plutôt de bons scénaristes, capables d'aborder de nouveaux sujets et non de reprendre des thématiques galvaudées». Féru de Charlie Chaplin et de Ahmed Bouanani, Tarik Bakhari préfère pour le moment se concentrer sur ses futurs projets. En effet, outre la collaboration avec Laurent Nègre, le jeune comédien participera à une série qui sera diffusée sur Canal +. Ce n'est pas tout, il s'apprête à entamer le tournage d'une série marocaine, cette fois-ci pour le mois de ramadan. Mais avant de se lancer, Tarik savoure actuellement le succès européen de «Opération Casablanca», en attendant la réaction du public marocain. Fz.S Biographie