Le journaliste boucle son 4e mois en prison l Son état de santé inquiète et il ne reçoit toujours pas les soins nécessaires Driss Chahtane est dans un état pitoyable. Le journaliste et ancien directeur de publication de l'hebdomadaire arabophone Al Michaâl n'a toujours reçu aucun soin depuis son incarcération il y a quatre mois. Souffrant d'une «otite chronique bilatérale avec une perte auditive des deux côtés», comme en témoigne le rapport médical de son médecin, le docteur K. G. Snoussi (dont Les Echos a une copie), Chahtane devait normalement être opéré de l'oreille droite, ce qui n'a jamais eu lieu. Aujourd'hui, Driss Chahtane souffre de troubles fréquents de la santé, notamment «de vertige, de perte d'équilibre, et d'étourdissements». Contactée par Les Echos quotidien, son épouse, Siham Mekouar, explique que ces derniers jours l'état de son mari ne s'améliorait pas, pis, que l'administration de la prison de Salé n'est pas en mesure d'agir. «J'ai demandé à l'un des responsables de la prison de faire quelque chose, il m'a répondu que la décision venait de plus haut», confie-t-elle. Dans un rapport publié le 6 novembre 2009 (MDE 29/011/2009), Amnesty International s'inquiétait déjà «du fait que Driss Chahtane semblerait faire l'objet de mesures punitives dans la prison civile de Salé. Il est détenu à l'isolement, contraint de dormir à même le sol avec seulement quelques couvertures en guise de matelas et a eu moins de temps de promenade que les autres prisonniers à plusieurs reprises». Des conditions carcérales contre lesquelles Chahtane avait alors tenté de protester en entamant une grève de la faim le 30 octobre dernier. Aujourd'hui, il n'en aurait plus la force. Deux condamnations Condamné à un an de prison ferme et à une amende de 10.000 dirhams par le tribunal de Rabat pour avoir publié des articles sur la santé du Roi, Chahtane a été immédiatement arrêté le 15 octobre 2009 à l'énoncé du verdict pour «publication malintentionnée d'une fausse information» et «allégations et faits non véridiques». Dans la même affaire, les deux journalistes d'Al Michâal, Rachid Mhamid et Mustapha Hirane ont été condamnés à une peine de trois mois de prison ferme et 5.000 dirhams d'amende chacun. Ce n'est pas tout, car du fond de sa cellule Driss Chahtane attend toujours le jugement de l'affaire de «l'association Amehzouen Moha ou Hammou Zayani», reportée au 23 février. La raison, Mostapha Aâdari, second accusé, était en déplacement à l'étranger le 9 février, date à laquelle le procès devait avoir lieu. Aujourd'hui, Chahtane vit dans l'angoisse de se voir infliger une seconde peine de trois mois de prison avec sursis, 5.000 dirhams d'amende et 500.000 dirhams de dommages et intérêts. Une nouvelle page pour Les Afriques Presse. L'hebdomadaire financier change de propriétaire et devient de capital marocain L'entrepreneur marocain Abderrazzak Sitail happe «Les Afriques». L'hebdomadaire financier panafricain lancé en septembre 2007 a été racheté à hauteur de 41%, par le propriétaire du groupe Atlas Publications, devenant ainsi membre majoritaire. Selon l'hebdomadaire «Jeune Afrique», «les appels à une augmentation du capital n'ayant pas rencontré le succès escompté, Sitail, soutenu par l'équipe rédactionnelle, a été autorisé à accroître sa participation. (...) L'entrepreneur, devenu président du conseil d'administration a également été nommé directeur général, avec pour mission de conduire le nouveau projet de développement de l'hebdomadaire, baptisé Cap 2015». Cap 2015 Ce projet de développement marque une nouvelle phase pour la publication. Ainsi, après cent numéros parus, l'hebdomadaire confirme ses ambitions visant à renforcer sa notoriété en tant que «référence pour les professionnels de l'économie». Sous la houlette de son rédacteur en chef Adama Wade, devenu administrateur du journal, «Les Afriques» prévoit de consolider sa rédaction avec la création d'un desk, de développer son site web à travers un traitement de l'information en temps réel et en renforçant les fonctions multimédia du portail. Dans un esprit de développement géographique, le groupe annonce l'ouverture de nouveaux bureaux au centre ville de Genève et la création d'une filiale au Maroc. Mais ce n'est pas tout, Cap 2015 s'annonce également prometteur pour les lecteurs réguliers au Maroc et en Algérie de la publication, qui envisage de créer de nouvelles édition nationales.