Le Crédit agricole, qui a présenté jeudi son nouveau plan stratégique, a déçu le marché en révélant des ambitions de développement pour les quatre prochaines années jugées trop modestes, tant en restant évasif sur des cessions d'actifs. La banque, qui a de nouveau écarté l'idée de procéder à des acquisitions, a dit travailler sur des cessions d'activités non stratégiques sans pour autant donner plus de détails. Elle n'a pas non plus précisé aux investisseurs ses intentions réelles concernant ses participations dans la banque espagnole Bankinter (23%) et dans la portugaise Banco Espirito Santo (24%). À la Bourse de Paris, vendredi en milieu de journée, l'action Crédit agricole SA est restée à l'écart du rebond des valeurs financières avec un indice sectoriel Stoxx 600 des banques européennes en hausse de 2% au même moment. Le titre gagne encore plus de 18% depuis le début de l'année. «Les objectifs de PNB (produit net bancaire, NDLR), de résultat net et de RoE (rendement des fonds propres, NDLR) sont assez modestes», relève Alex Koagne, analyste financier chez Natixis Securities. «La question de la solvabilité a été traitée de manière assez expéditive. On a besoin de plus de précisions», regrette de son côté un analyste basé à Paris, qui n'a pas souhaité être nommé. La banque souhaite quintupler son bénéfice net d'ici 2014 pour atteindre entre 6 et 7 milliards d'euros en 2014, contre un bénéfice de 1,26 milliard en 2010, une exercice plombé par une dépréciation de plus d'un milliard d'euros sur Intesa Sanpaolo et par les pertes de sa filiale grecque Emporiki. Cet objectif est en ligne avec les attentes du marché, le consensus Thomson Reuters I/B/E/S anticipant un bénéfice net de 6,35 milliards d'euros en 2014. La banque espère aussi sur la période dépasser la barre des 25 milliards d'euros de revenus et atteindre un rendement des fonds propres de l'ordre de 10% à 12%. «Notre plan a été construit sans recours à la croissance externe», a déclaré Jean-Paul Chifflet, directeur général du Crédit agricole lors d'une conférence. La banque, qui contrôle Amundi, a en effet réaffirmé son intérêt pour Pioneer, la filiale de gestion d'actifs que le groupe italien UniCredit a mise en vente. Chifflet a même indiqué que dans la gestion d'actifs, le groupe pourrait envisager d'autres partenariats. Il a aussi fait savoir qu'une introduction en Bourse d'Amundi n'était pas envisagée dans le cadre de ce nouveau plan stratégique. Interrogé sur d'éventuelles cessions d'actifs, il a exclu toute volonté de céder ses parts. REUTERS