Les Echos : Quel est l'état actuel de la filière cactus ? Abderrahman Ait Hamou : c'est une filière à fort potentiel, mais qui souffre d'un défaut de valorisation. Seules les figues de Barbarie bénéficient d'une large distribution, principalement en raison de l'engouement des Marocains pour ce fruit. Pour structurer cette filière, un effort doit être fourni au niveau des moyens de collecte, des unités de stockage ainsi que du transport. À l'Anadec, nous réalisons des études scientifiques pour identifier les différents moyens d'exploiter cette plante tout en dégageant une forte valeur ajoutée. Il y a pourtant de plus en plus de coopératives qui ont investi la filière... Oui, mais ce n'est pas forcément une bonne chose. On a vu se multiplier des coopératives «artificielles», créées par l'Etat, mais auxquelles le savoir-faire fait cruellement défaut. Les fruits du cactus sont un produit très périssable, avec des pics de maturation qui diffèrent d'une région à l'autre. La multitude d'intermédiaires et la désinformation, de véritables plaies, n'arrangent rien à la situation. Il n'y a pas si longtemps un reportage avançait que l'huile de cactus se vendait à 10.000 DH le litre. On a immédiatement vu une ruée sur la collecte de graines, des tonnes ont été stockées par des personnes qui ne savaient quoi en faire. Je profite de cette occasion pour préciser que l'huile de cactus se vend en moyenne 3.000 DH le litre. Cette huile a donc tant d'intérêt ? Bien sûr. Elle est très riche et dépasse par certains points les propriétés de l'huile d'argan, notamment par son action antivieillissement. L'huile de figues comprend 65% d'acides gras polyinsaturés (nourrissants), contre 33% pour l'argan, ainsi qu'un taux de vitamine E (antioxydant) supérieur à 100 mg/100 g, contre 65 mg pour l'argan. Plus de 500 chercheurs du monde entier vont débattre des vertus du cactus en octobre prochain, à Marrakech, à l'occasion du 7e Congrès international sur le cactus, sous l'égide de la FAO.