L'université itinérante internationale du cactus, organisée du 3 au 6 octobre, offrira une occasion pour relancer la dynamique de réflexion collective pour cerner le rôle du cactus dans le développement socio-économique du Maroc. C'est aujourd'hui que l'université itinérante internationale du cactus (UNIC) démarre ses travaux. Après cinq ans de son lancement, la deuxième édition, initiée par l'Association nationale pour le développement du cactus (ANADEC), s'ouvre aux universitaires mexicains en vue d'identifier les axes de la coopération académique entre les deux pays. Coïncidant cette année avec le 4 octobre, une date propice pour être la journée nationale du cactus, l'université offre aux participants, jusqu'au 6 octobre, une opportunité d'échanges et d'apprentissage à travers des ateliers, séminaires et visites prévus entre Casablanca, Settat, Marrakech, Kelaat Sraghna, Ben Guerrir et Skhour Rhamna. Ces escales contribueront à l'identification des besoins des agriculteurs en matière d'expertise technique, la sensibilisation des consommateurs, ainsi qu'au transfert des petites technologies génératrices de revenus. «Ces rencontres offriront ainsi une occasion pour relancer la dynamique de réflexion collective afin de mieux cerner le rôle que devrait jouer cette culture dans le développement socio-économique des populations rurales», souligne l'Anadec dans sa note de présentation. En effet, le Cactus marocain joue un rôle prépondérant sur le plan socio-économique. Produit de terroir par excellence, le cactus est en effet considéré comme l'un des piliers de l'économie locale. D'ailleurs, le développement de cette culture s'inscrit au cœur des priorités du Plan Maroc Vert. Rien que pour la région de Rhamana, le Plan Maroc Vert compte réaliser une moyenne de 6.000 hectares par an. La région d'Aït Baâmrane est réputée pour sa production du cactus. Pour une superficie globale de 50.000 hectares, le cactus génère des revenus à plus de 2.500 agriculteurs de la région. Ladite zone produit également près de 320.000 tonnes de figues de barbarie annuellement. Notons que l'importance économique de cette culture réside dans les figues. Leur valeur nutritive s'est avérée riche et efficace. Elles sont désormais considérées en tant que remède naturel contre le cholestérol et le diabète. Les figues de barbarie marocaines ont gagné une notoriété mondiale. En peu de temps, elles ont réussi à conquérir le marché de la cosmétique internationale. Ces vertus pour la peau restent incontestables. Riche en vitamines «E», les figues produisent une huile «précieuse» et «chère». La commercialisation de ce produit de terroir oscille en première estimation entre 15.000 et 25.000 dirhams le litre. L'enjeu est de taille : Une tonne de fruit pour un litre d'huile, est une équation difficile à résoudre. Surtout que la production de la figue de barbarie est exposée à plusieurs risques, notamment les vols nocturnes, portant ainsi préjudice aux agriculteurs et à l'économie de la région. En termes d'exploitation des ressources, les pertes annuelles atteindraient près de 40%. De plus, près de 190.000 tonnes de figues sont vendues à des prix dérisoires. Sur le plan technique, le cactus est désigné en tant qu'outil efficace pour la gestion de la sécheresse au Maroc. Cette alternative d'envergure a été testée et approuvée dans plusieurs pays notamment en Amerique Latine. Se basant sur une réflexion de l'institut national des recherches agronomiques ( INRA), «le cactus possède à la fois une très grande adaptation aux conditions de milieu les plus critiques, ainsi qu'une production en biomasse très efficiente et d'une valeur fourragère acceptable». Les chercheurs marocains soulignent également que cet arbuste peut jouer un rôle important dans la protection du sol par la constitution d'un microclimat favorable au développement de la biomasse fourragère. À cet effet, les chercheurs appellent à la mise en place d'un programme d'amélioration génétique, visant à la fois la sauvegarde des plantations existantes, et ce en les intégrant dans un système d'exploitation rationnel. Les vertus du cactus La culture du cactus revêt de multiples avantages. Ils sont d'ordre écologique, socio-économique, alimentaire, cosmétique ou encore thérapeutique. Pour le Maroc, un pays où les zones arides et semi-arides occupent de grandes superficies, l'intérêt pour le cactus comme plante fourragère est évident. Le figuier de barbarie est, en effet, un outil efficace pour l'amélioration des parcours et la création de réserves fourragères mobilisables durant les périodes difficiles. La forte teneur en eau (90%) du cactus lui confère un autre rôle aussi important : ses raquettes succulentes peuvent assurer la satisfaction de 80% des besoins du bétail en eau d'abreuvement, notamment durant les périodes chaudes où les troupeaux ne cessent de transhumer en quête des points d'eau. Sur le plan environnemental, la culture du cactus permet la préservation des sols contre l'érosion, la lutte contre la désertification et la conservation de la biodiversité, tout en contribuant à la régénération des espèces végétales spontanées et à la constitution d'un microclimat favorable au développement d'une faune et une flore très diversifiées. Le cactus présente également des avantages alimentaires indéniables, puisqu'il peut contribuer à la lutte contre la famine ou encore la malnutrition. Des recherches très poussées ont démontré que la figue de barbarie est l'un des aliments les plus complets et les plus riches en différents nutriments (sels minéraux, vitamines…), au point qu'il convient de le qualifier de produit «neutraceutique». Concernant les jeunes raquettes (cladodes), leur consommation est une habitude alimentaire des Mexicains, au Maroc un tel engouement est quasi-absent sauf pour certains produits préparés par des coopératives. Le cactus (figues et raquettes) revêt, également, des vertus thérapeutiques indéniables. Ces produits sont utilisés dans la prévention contre certaines maladies comme le diabète, le mauvais cholestérol, les maladies cardio-vasculaires ou encore pour le traitement du rhumatisme, la toux, les infections de l'appareil urinaire, les troubles digestifs, l'ulcère, les diarrhées et les coliques. Il est connu aussi pour son efficacité comme antirides, ainsi que comme base pour la fabrication de diverses préparations cosmétiques, notamment sous forme de crèmes, de shampoings et d'assouplissants de cheveux.