«La pérennité du RCAR est assurée», tel semblait être le message que voulait faire passer Anas Alami, président de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), lors d'une journée d'information organisée hier à Rabat, sur la situation du Régime collectif d'allocations de retraite (RCAR). Ce régime de retraite, géré par la CDG, fait l'objet depuis quelque temps d'une étude prospective, dans le cadre de la réforme des retraites au Maroc. A l'instar de la CMR et des régimes de la CNSS, l'équilibre financier du RCAR est menacé, selon l'étude du cabinet Actuaria, chargé de présenter des scenarii et des pistes de réforme. Pour le patron de la CDG, la pérennité de son régime de retraite est assurée jusqu'en 2049, et ce grâce à des provisions de l'ordre de 80 milliards de DH à fin 2008. «On ne peut comparer le RCAR aux autres régimes. Les tickets d'entrée peuvent être considérés comme une bonne provision», ajoute de son côté Mohamed Larbi Nouha, directeur du pôle prévoyance de la CDG. Rappelons qu'Actuaria avait indiqué dans sa copie, remise à la commission de réforme des retraites, que les cotisations et les prestations des régimes de retraite au Maroc «ne sont tout simplement pas en rapport et ne peuvent durablement le demeurer». Le rapport a également insisté sur le fait qu'avancer l'âge de la retraite ne servirait à rien. Une thèse confirmée par Mohamed Nouha. «L'impact de l'âge est peu rentable. Par contre, l'impact du montant des cotisations ou des taux de placement est plus important», explique-t-il. Une vision 2012 Anas Alami et ses équipes ont profité de la présence des médias pour étaler également les ambitions de la RCAR pour les années à venir. Grosso modo, on parle d'une vision 2012, à l'horizon de laquelle le RCAR aspire à devenir le régime de référence de la région Mena. La CDG veut en effet renforcer son métier de gestionnaire administratif et financier des fonds de retraite. Deux cibles ont été identifiées pour y arriver : la retraite du secteur public et la retraite des indépendants (la majeure partie de la population marocaine). Valeur aujourd'hui, le RCAR couvre une population d'environ 200.000 affiliés et octroie des prestations à quelque 100.000 pensionnés. Pour financer les retraites, le système du RCAR est fondé sur le principe mixte «capitalisation-répartition». Le RCAR affiche un taux de couverture de ses engagements de 76%. «Ces calculs se basent sur des hypothèses actuarielles et financières très réalistes», insiste Anas Alami. Ce dernier n'a pas manqué de mettre en valeur le processus de modernisation des outils de management et de gestion du RCAR. Un chantier lancé depuis 2002 permettant la virtualisation de l'ensemble des services (zéro papier), ainsi que la traçabilité et la non-répudiation des transactions. L'intégration des retraites de l'ONE en stand-by Cela fait plusieurs années que les négociations traînent entre l'Office national de l'électricité (ONE) et le RCAR autour de l'intégration des salariés du premier au sein du régime de retraite du second. Un chantier qui a pris beaucoup de retard, de l'avis même de l'équipe dirigeante de la CDG. «Nous avons travaillé sur ce dossier, mais uniquement sur le plan technique. Il faudra étudier par la suite la condition financière. L'ONE doit trouver le moyen de financer cette opération», indique Mohamed Larbi Nouha, directeur du pôle prévoyance à la CDG. Le ticket d'entrée est supérieur à 10 milliards de DH, même s'il est encore tôt pour avancer des chiffres à ce stade. A ce jour, le RCAR a procédé à l'absorption des caisses de retraite de l'ONCF, de l'ex-Régie des tabacs (Altadis), de l'ex-ODEP (Marsa Maroc), de l'OCP et de quelques régies de distribution d'eau et d'électricité. Et, globalement, près de 31.400 agents en activité et 50.000 pensionnés issus des caisses internes de retraites ont rejoint le RCAR depuis 2002 pour un coût global de transfert de l'ordre de 42 milliards de DH. Les scénarios de la réforme L'objectif de la réforme des retraites est d'en assurer la viabilité à long terme. La Commission nationale chargée de la réforme des retraites, présidée par le Premier ministre, devrait rendre son rapport final dans quelques semaines. Mais il faudra que les experts du cabinet Actuaria, chargé d'identifier les pistes de réforme, finalisent d'abord leur rapport technique. Les premiers éléments de celui-ci ont déjà été publiés par la presse. Trois scénarios de réforme ont ainsi été identifiés. Le premier prévoit le maintien du système actuel avec l'introduction de réformes paramétriques. Ce qui permettrait de reporter les déficits de quelques années. Sauf qu'au passage, cela ne résout pas le problème de la pérennité, selon un observateur. Le deuxième prévoit une organisation dualiste avec une intégration de la CMR et du RCAR dans un pôle public et de la CNSS et la CIMR dans le privé. Le troisième scénario consiste en la mise en place d'un système de retraite intégré pour l'ensemble des travailleurs. En somme, un régime unique. Cette dernière piste serait la plus privilégié selon les premières indiscrétions. Car, selon des sources proches du dossier, l'ambition des officiels seraient de rendre le régime des retraites obligatoire et complémentaire, sous la tutelle d'un seul organisme.