Les débats sur la réglementation bancaire ont animé le Casablanca Round du Forum de Paris. Constat dressé par les intervenants: la bulle obligataire et l'imminence de son explosion oblige les pouvoirs régulateurs à régionaliser la gouvernance financière mondiale. «Une crise de modèles de sociétés s'est déclarée au niveau mondial», commente Bassim Jai Hokimi, PDG de Atlasmed. Au niveau de la Banque centrale marocaine, des actions régulatrices jugées discriminatoires vis-à-vis des banques locales ont permis au Maroc d'afficher une bonne résilience. «Une force de régulation doit faire effet de contrepoids à la force de spéculation» poursuit ce dernier. Il note cependant que la faiblesse de nos exportations et leur non-arrimage aux marchés internationaux a permis de préserver l'économie marocaine. Pour sa part, Abderrahim Bouazza, directeur central de la supervision bancaire à Bank Al-Maghrib, pense qu'il faut protéger les cycles économiques des défaillances bancaires. «Il est nécessaire d'anticiper des mesures prudentielles pour faire face aux caractéristiques pro-cycliques des systèmes financiers», note-t-il. «Une bonne gestion des risques systémiques passe par une stabilité des institutions financières, d'où la nécessité d'une stabilisation monétaire», argumente Abderrahim Bouazza. Pas de wishful thinking La Banque centrale poursuit l'installation de son bouclier fiscal, en lançant une étude interne sur le provisionnement prospectif, en vue d'étendre son rôle de contrôleur, soulignant au passage que cela a permis au système financier et bancaire au Maroc de rester à l'abri de toute contamination directe ou indirect par les marchés dérivés. Sans verser dans le «wishful thinking», Karim Hajji, directeur de la Bourse de Casablanca, pense qu'une convergence réglementaire internationale sur le plan des finances est impensable, sans l'instauration d'une gouvernance financière mondiale élargie. D'un autre côté, «le financement en 2010 fera également face à des contraintes induites par un stress de liquidités», pense Karim Hajji. Un bouclier fiscal macro-prudentiel La Banque de France, dans le sillage des règles prudentielles de Bâle II, est en train d'instaurer un bouclier fiscal frôlant l'excès réglementaire. Philippe Richard, directeur de la commission bancaire à la Banque de France est partisan d'un durcissement dans ce sens. «Nous devons accentuer la coopération internationale pour la surveillance des groupes transfrontaliers via la création de collèges de superviseurs pour les groupes «Cross border», affirme Philippe Richard. Les champs de régulation mis en place par la Banque de France s'étendent à la surveillance des hedges funds. Autre champ que couvrent ces mesures, la supervision des institutions financières complexes, qui ont une importance systémique et la mise en place de mécanismes de gestion de la crise avec les «Early Warning Exercises». Enfin, les agences de notation au cœur du scandale financier qui a secoué la finance internationale vont faire l'objet d'un suivi rigoureux via l'instauration d'un code de conduite qui leur est propre. Autant d'outils macro-prudentiels en complément à la surveillance micro- prudentielle.