Yasmina Filali, présidente de la Fondation Orient-Occident Les échos : Un mot sur la genèse de votre Fondation ? Yasmina Filali : Tout a commencé à Meaux, en France, où je travaillais avec les enfants issus de l'immigration. En rentrant au Maroc, j'ai créé la Fondation en 1994. J'ai profité du cinquantenaire de l'anniversaire de la mort de Saint-Exupéry pour organiser un voyage et partir sur les traces de ce passeur entre deux mondes. Orient-Occident renvoie en effet aux rapports Nord-Sud et méditerranéens. Nous intervenons dans trois domaines : le soutien scolaire, la formation professionnelle et l'humanitaire (migrants subsahariens et filles domestiques). Nous disposons de 8 centres dans tout le Maroc, dont deux en construction, l'un à Guelmim, l'autre à Safi. Chaque centre a une spécificité. Celui de Rabat se consacre à l'aide aux Subsahariens. À Oujda, le centre se mobilise dans le domaine du soutien scolaire. Quant au centre de Casablanca, notre action porte sur la formation en multimédia. À Larache, la Fondation offre des cours en hôtellerie et en tourisme. La Fondation compte plus de 50 salariés et 150 professeurs pour venir en aide à 10.000 personnes par an. À vous entendre, on est loin de l'idée que l'on peut se faire du dialogue Orient-Occident... En effet, nous avons commencé par le soutien scolaire puis, tout naturellement, en 2006 nous avons prolongé notre action par la formation professionnelle. Maintenant que notre action est structurée, nous allons passer à la phase culturelle, qui était le postulat de départ. Cette année, nous allons travailler sur des thématiques telles que l'inter-culturalité, le dialogue interreligieux, les relations entre Orient et Occident. Nous avons même un projet de création d'un observatoire de l'immigration pour 2012. Il s'agit d'un centre de recherche qui nous permettrait d'en savoir plus sur les routes de la migration et de repenser notre stratégie. Justement, en quoi consiste concrètement votre action dans le domaine de l'immigration? Nous accueillons les migrants, nous les formons et les aidons, soit à retourner chez eux, soit à émigrer en Europe. «La réinstallation» touche les réfugiés politiques qui ont une carte du HCR. Nous les formons aux métiers qui intéressent les pays d'accueil. Pour les migrants économiques, il y a deux solutions : soit ils restent au Maroc dans l'informel, soit nous leur proposons de les aider à retourner dans leur pays d'origine. Nous leur offrons, entre autre, un microcrédit et une formation professionnelle. Depuis deux ans, 50 des Subsahariens que nous avons reçus à la Fondation ont opté pour le retour volontaire. À l'occasion de la Journée des réfugiés célébrée le 20 juin, nous organisons chaque année un festival de la culture africaine à Rabat. Pour la 4e édition, il tournera autour de l'Afrique du Sud et du personnage de Mandela.