Pour Hicham Seffa, président du directoire du groupe BMCI, la finance durable est un levier stratégique pour allier résilience économique et transition responsable. Entretien. La finance durable repose sur une vision collective. Comment la BMCI articule-t-elle sa stratégie entre innovation, inclusion sociale et impact environnemental mesurable ? Nous appartenons à une maison-mère profondément engagée dans les enjeux de durabilité, et nous avons la chance d'évoluer dans un pays porté par la vision éclairée de Sa Majesté. Cette conjonction nous permet de combiner croissance économique et engagement pour des projets environnementaux, sociaux et de gouvernance. Je prendrais pour exemple la dynamique autour du logement social qui témoigne de l'importance accordée à la dignité et au confort des citoyens, tout comme les efforts en matière de gestion hydrique, essentielle dans un contexte de raréfaction des ressources. La finance, dans ce contexte, joue un rôle clé en structurant, accompagnant et soutenant la réussite de ces initiatives, dans une optique résolument durable. Quels sont les leviers à mobiliser pour accélérer l'adoption des critères ESG auprès des PME, souvent confrontées à des contraintes financières et techniques ? L'adoption des critères ESG progresse chez les grandes entreprises, mais reste timide chez les TPME, qui priorisent souvent des préoccupations immédiates. Les banques ont un rôle crucial à jouer, non seulement en proposant des mécanismes de financement adaptés, mais surtout en conseillant activement leurs clients. Investir dans le durable doit être perçu comme une opportunité à long terme visant à renforcer la résilience des écosystèmes. En ce sens, nous œuvrons à sensibiliser les entreprises, en les accompagnant dans cette transformation essentielle. En matière de financements verts, comment évaluez-vous le rôle des partenariats internationaux dans l'élaboration de solutions adaptées au contexte local ? Les partenariats internationaux apportent une expertise précieuse, notamment en matière de structuration financière. Grâce à notre appartenance au groupe BNP Paribas, un leader mondial de la finance durable, nous bénéficions de cet effet d'expérience pour adapter des modèles éprouvés aux réalités locales. Ces collaborations permettent de développer des solutions novatrices et de répondre aux exigences croissantes en matière de durabilité. Le lancement du Green tech roadshow témoigne d'un soutien aux entrepreneurs engagés. Quels dispositifs concrets prévoyez-vous pour transformer ces initiatives en projets d'envergure ? Le Green tech roadshow illustre notre volonté de mettre en lumière des initiatives prometteuses, mais il ne s'arrête pas là. Nous visons l'accompagnement de ces projets sur le long terme, en leur offrant les moyens financiers nécessaires pour franchir des étapes critiques de développement. C'est aussi un moyen d'inspirer d'autres acteurs à s'engager dans des démarches similaires. Les nouveaux modèles de financement, comme les Sustainability linked loans (SLL), peuvent-ils s'adapter à des secteurs traditionnels ? Les SLL sont des outils puissants pour favoriser une transition durable, notamment dans les secteurs où l'impact environnemental reste significatif. Ces dispositifs encouragent les entreprises à améliorer leur empreinte carbone en leur proposant des conditions financières avantageuses. Si leur application reste aujourd'hui cantonnée aux grandes entreprises, l'ambition est de les rendre accessibles à tous, à condition que les opérateurs s'impliquent davantage dans cette démarche. Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ECO
